France: Bruno Retailleau à l'Intérieur, le profil qui fait grincer

13:2823/09/2024, lundi
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Le ministre de l'Intérieur de France, Bruno Retailleau.
Crédit Photo : ALAIN JOCARD / AFP
Le ministre de l'Intérieur de France, Bruno Retailleau.

Pour beaucoup de Français, le nouveau gouvernement dévoilé samedi soir par l'Élysée, a eu une allure de saut dans l'inconnu.

Parmi ses 39 membres, l'écrasante majorité n'est pas connue du grand public malgré la présence de nombreux parlementaires, et aucun ténor de la politique française n'a donc rejoint les rangs de Michel Barnier.


Si la ministre de la Culture Rachida Dati a été reconduite au même titre que le ministre des Armées Sébastien Lecornu, la présence de Bruno Retailleau, qui s'est vu confier le ministère de l'Intérieur, n'est pas passée inaperçue et fait déjà jaser.


Ce dernier, figure d'une droite dure et conservatrice, était jusqu'à présent président du groupe majoritaire LR (Les Républicains) au Sénat, et a multiplié les déclarations polémiques notamment sur la thématique de l'immigration.

À peine son nom dévoilé pour occuper la Place Beauvau, Bruno Retailleau a vu un certain nombre de déclarations problématiques, être ressorties par ses opposants, inquiets.


En 2023, alors que la France était secouée par des révoltes urbaines après la mort du jeune Nahel, il effectuait par exemple un parallèle douteux avec la question de l'immigration, estimant que ces violences étaient liées à
"une sorte de régression vers les origines ethniques"
des
"deuxième et troisième générations"
d'immigrés
.

Dénonçant ici et là, un
"ensauvagement"
du pays, pointant un
"chaos migratoire"
et allant jusqu'à évoquer un processus de
"décivilisation"
, Bruno Retailleau s'est donc illustré tant politiquement que médiatiquement, en portant la voix d'une droite dure, donc les expressions sont directement empruntées à l'extrême-droite.

Mais au-delà des déclarations épicées, ce tenant de la droite reprend de nombreuses idées déjà portées par le RN (Rassemblement National) et poussées médiatiquement par Marine Le Pen comme la demande d'un référendum sur l'immigration pour reprendre
"le contrôle des frontières".

Il affirme même que la France subit une
"insécurité culturelle"
du fait de son immigration, et assurait récemment, dans une interview à Sud Radio que:

La colonisation, c'est aussi des heures qui ont été belles, avec des mains tendues.

"Il ne s'agit pas de dire que notre propre histoire ne comporte que des moments sombres, mais on a des moments de gloire et la colonisation, il n'y a pas eu que des moments sombres dans la colonisation",
expliquait-il il y a quelques années.

Dimanche à la mi-journée, soit quelques heures après l'annonce officielle de la nomination de Bruno Retailleau au ministère de l'Intérieur, l'INA (institut national de l'audiovisuel) diffusait un condensé d'archives d'interviews revenant
"sur 25 ans de déclarations du nouveau ministre de l'Intérieur, à propos de l'immigration".

En 1997, il déclarait:


Ce sont des gens qui viennent, non pas pour être français mais pour profiter des droits sociaux français.

Et de poursuivre en 2022:
"L'immigration n'est pas une chance".

Très vite, les déclarations du nouveau ministre ont refait surface et ont donc été très largement partagées sur les réseaux sociaux.


Le député LFI (La France Insoumise), Raphaël Arnault, qui espère une censure prochaine du gouvernement de Michel Barnier, estime que Bruno Retailleau, est
"le fruit de l'alliance Macron/Le Pen".

"La colonisation c'est aussi des heures qui ont été belles, avec des mains tendues"
. Voilà qui est le nouveau ministre de l'Intérieur. Au moment où la Martinique et la Kanaky se soulèvent, Barnier appelle à Beauvau Bruno Retailleau. Provocation insupportable", a dénoncé le député Thomas Portes, lui aussi issu des rangs de LFI.

Interrogée dimanche à l'antenne de BFMTV, la secrétaire de la CGT (confédération générale du travail), Sophie Binet, a fait état de son inquiétude face à cette nomination.


"Ce qui m'inquiète le plus ce sont ses positions sur la question de l'immigration puisqu'il s'est illustré dans le débat sur la loi asile et immigration en reprenant une partie des propositions du RN, qui ont de fait été censurées par le Conseil Constitutionnel"
, a-t-il déclaré.

Et de poursuivre:
"Oui je suis inquiète et surtout on voit que ce gouvernement a été composé sous l'égide du RN qui, de fait, aura un droit de vie ou de mort sur l'avenir de ce gouvernement".

Pour l'heure, si les déclarations et positions passées de Bruno Retailleau sont au cœur des inquiétudes, le discours de politique générale qui sera prononcé par Michel Barnier le 1er octobre prochain, devrait éclairer les Français sur l'orientation politique de son mandat à Matignon.


S'il ne devrait pas solliciter de vote de confiance des députés, le nouveau premier ministre donnera à ce moment-là, les axes et chantiers prioritaires qu'il souhaite mener dans les prochains mois, dans l'hypothèse où il survivrait à une éventuelle motion de censure.


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