Bangladesh: l'ex-chef de la police jugé pour crimes contre l'humanité

15:1820/11/2024, Çarşamba
AFP
Des policiers escortent les détenus Chowdhury Abdullah Al-Mamun (C), ancien inspecteur général de police, et Ziaul Ahsan (dos, 2R), ancien général militaire et ancien directeur général du Centre national de surveillance des télécommunications (NTMC), devant le Tribunal pénal international (TPI) du Bangladesh, à Dhaka, le 20 novembre 2024.
Crédit Photo : Munir UZ ZAMAN / AFP
Des policiers escortent les détenus Chowdhury Abdullah Al-Mamun (C), ancien inspecteur général de police, et Ziaul Ahsan (dos, 2R), ancien général militaire et ancien directeur général du Centre national de surveillance des télécommunications (NTMC), devant le Tribunal pénal international (TPI) du Bangladesh, à Dhaka, le 20 novembre 2024.

L'ancien chef de la police du Bangladesh, Chowdhury Abdullah Al Mamun, est jugé depuis mercredi à Dacca pour son rôle présumé dans les massacres et la répression violente des manifestations antigouvernementales de l'été 2024.

Le tribunal pénal international (ICT) du Bangladesh l'accuse de crimes contre l'humanité, de génocide et de massacres, selon le procureur Mohammad Tajul Islam.


Aux côtés de M. Al Mamun, sept autres officiers, dont le général Ziaul Ahsan, ancien dirigeant du Bataillon d'action rapide (RAB), comparaissent pour des faits similaires.

Un bilan humain dramatique


La répression des manifestations, marquées par des heurts sanglants, aurait causé environ 2.000 morts et laissé des milliers de manifestants mutilés, selon l'accusation. Ces émeutes avaient éclaté pour dénoncer le régime autoritaire de Sheikh Hasina, qui a dirigé le pays de 1996 à 2001, puis de 2009 à 2024.


Sheikh Hasina, âgée de 77 ans, a fui au début du mois d'août 2024 pour se réfugier en Inde, après avoir été accusée d’orchestrer des enlèvements, des exécutions et des emprisonnements d'opposants politiques dans des centres de détention secrets.

"L'ancien inspecteur général est directement responsable des atrocités commises contre les étudiants manifestants"
, a déclaré le procureur Tajul Islam à l'issue de l'audience.

Comparaisons historiques et déni des accusés


Le général Ziaul Ahsan, décrit par le procureur comme comparable à Ratko Mladic et Radovan Karadzic – les
"bouchers de Serbie"
condamnés pour génocide – a nié toute implication.
"Je n'étais pas responsable des centres de détention secrets, et je n'ai jamais ordonné de surveillance de qui que ce soit"
, a-t-il déclaré.

Les autres officiers de police, accusés d’avoir tué des manifestants et brûlé leurs corps, n’ont pas été interrogés. Toutefois, l’un d’entre eux, ancien chef de commissariat à Dacca, a supplié les juges de lui accorder leur clémence:
"J’ai soutenu les manifestations, s’il vous plaît, épargnez-moi !"

Un procès à portée symbolique


Ce procès intervient dans un contexte de bouleversements politiques majeurs au Bangladesh, marqué par la chute du régime Sheikh Hasina après 15 ans de règne controversé. Le tribunal a également demandé l'extradition de onze anciens ministres ou hauts fonctionnaires du gouvernement, déjà poursuivis pour des accusations similaires.


Ce procès pourrait représenter un tournant historique pour le Bangladesh, souvent critiqué pour son impunité face aux abus des autorités.


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