Escalade dans la guerre régionale

11:057/02/2024, الأربعاء
MAJ: 7/02/2024, الأربعاء
Kadir Üstün

La mort de trois soldats américains en Jordanie après une attaque de drone menée par des milices pro-iraniennes a déclenché une nouvelle escalade dans la guerre régionale, qui devient de plus en plus violente. Depuis le 7 octobre, nous avons écrit que les craintes d'une guerre régionale n'étaient plus d'actualité et que le Premier ministre israélien Netanyahu tentait d'étendre la guerre de Gaza à la région et d'entraîner les États-Unis dans le conflit avec l'Iran. On peut dire que ces efforts ont

La mort de trois soldats américains en Jordanie après une attaque de drone menée par des milices pro-iraniennes a déclenché une nouvelle escalade dans la guerre régionale, qui devient de plus en plus violente. Depuis le 7 octobre, nous avons écrit que les craintes d'une guerre régionale n'étaient plus d'actualité et que le Premier ministre israélien Netanyahu tentait d'étendre la guerre de Gaza à la région et d'entraîner les États-Unis dans le conflit avec l'Iran. On peut dire que ces efforts ont partiellement abouti avec l'attaque jordanienne. Les opérations militaires américaines contre différentes cibles dans la région au cours de la semaine dernière en témoignent. Il est clair que le président Biden, qui ne peut tolérer de paraître faible face à l'Iran en cette année électorale, souhaite également maîtriser cette escalade.


LES APPELS À "ATTAQUER L'IRAN"


Immédiatement après l'attaque en Jordanie, les politiciens républicains ont appelé à une "réponse ferme", tandis que d'autres ont tenté de faire pression sur Biden pour qu'il s'attaque directement à l'Iran. Le chef de la minorité au Sénat, Mitch McConnell, a déclaré que non seulement ses mandataires, mais aussi leurs commanditaires iraniens devraient payer un lourd tribut, tandis que le sénateur Lindsey Graham a appelé à frapper des cibles à l'intérieur de l'Iran. Le sénateur Tom Cotton a appelé à des frappes à la fois au Moyen-Orient et en Iran, et a déclaré que s'il ne le faisait pas, Joe Biden serait reconnu comme un lâche qui ne mérite pas d'être commandant en chef. Le sénateur John Cornyn a également déclaré que les Gardiens de la révolution iraniens et la Force al-Quds devraient être ciblés et que Téhéran devrait être frappée.


Bien que le président Biden ait déclaré que les États-Unis répondraient à l'attaque au moment de leur choix sur les cibles de leur choix, les États-Unis ont annoncé la semaine dernière qu'ils avaient frappé 85 cibles différentes en Irak et en Syrie sous la pression politique et publique. La Maison Blanche a déclaré que sa réponse à l'attaque jordanienne ne se limiterait pas à ces frappes et pourrait durer des semaines, voire des mois. Par ces déclarations, l'administration a tenté d'éviter les critiques selon lesquelles elle n'a pas ciblé l'Iran et n'a donc pas apporté de réponse dissuasive. L'administration, qui a déclaré qu'elle ne voulait pas de guerre "au Moyen-Orient ou ailleurs dans le monde" mais qu'elle répondrait aux attaques contre les Américains, semble avoir accepté qu'elle est impliquée dans une guerre régionale à long terme en dépit de cette rhétorique.


La réaction du gouvernement irakien aux frappes américaines a une nouvelle fois montré à quel point Bagdad n'est pas à l'aise avec le fait d'être pris au milieu d'une guerre régionale entre Washington et Téhéran. L'annonce surprise par le Kata'ib Hezbollah de la fin de ses opérations en Irak peut être considérée comme une tentative de l'Iran d'utiliser les attaques américaines comme une opportunité de ramener Bagdad de son côté. Les déclarations de l'Iran selon lesquelles il ne veut pas la guerre, à l'instar des déclarations américaines, mais qu'il réagira en cas d'attaque, indiquent que les deux parties veulent agir de manière contrôlée. La déclaration de l'administration Biden selon laquelle elle se concentre sur la réduction des capacités militaires des milices pro-iraniennes et le fait que les hauts commandants iraniens n'aient pas été visés par les attaques peuvent être interprétés comme un message adressé à Téhéran, selon lequel l'escalade ne doit pas devenir incontrôlable.


RISQUE D'EXTENSION DE LA GUERRE


Nous avons vu que la réponse à l'attaque jordanienne ne s'est pas limitée à l'Irak et à la Syrie. Les frappes sur des cibles houthies au Yémen semblent avoir pour but d'empêcher les attaques de missiles des Houthis dans la mer Rouge de rendre le commerce mondial beaucoup plus coûteux. La réduction de moitié des recettes du canal de Suez pour le transit des navires en janvier contribue à l'intensification de ces opérations. Toutefois, les efforts de l'administration Biden pour montrer sa force contre les mandataires de l'Iran doivent également être considérés comme un élément de l'équation. Alors que les États-Unis et le Royaume-Uni poursuivent leurs opérations contre les Houthis, il est peu probable que la tension en mer Rouge diminue si la guerre régionale par procuration avec l'Iran ne s'apaise pas. Le volet mer Rouge de la guerre régionale augmente les coûts du commerce international, alimentant l'inflation des prix des produits de base. Le président Biden doit réduire l'inflation sur son chemin vers les élections, mais il ne lui sera pas facile de limiter le coût économique de sa guerre régionale contrôlée avec l'Iran.


Bien que la réponse de l'administration Biden aux attentats de Jordanie annonce une nouvelle période d'escalade dans la guerre régionale entre les États-Unis et l'Iran, il est entendu que les deux acteurs veulent contrôler ce processus. Bien que Netanyahu préfère un élargissement du conflit au Hezbollah, il est clair qu'un tel scénario ne peut être contrôlé. Si le Hezbollah entre en guerre contre Israël, l'Iran interviendra pour protéger son mandataire et allié au Liban. Ce scénario signifierait que le Liban sombrerait dans le chaos et que la "guerre régionale contrôlée" par les États-Unis et l'Iran deviendrait incontrôlable. Bien que Joe Biden veuille éviter ce scénario, on peut se demander combien de temps il résistera à la pression de l'opinion publique en faveur d'une réponse plus ferme à l'Iran en cas de nouvelles attaques.

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