Sacrifier la Lune pour Mars? L'incertitude plane sur la Nasa

13:2621/02/2025, vendredi
AFP
Le vaisseau spatial Artemis IV Orion est exposé dans sa cellule d'assemblage final à l'intérieur du Neil Armstrong Operations and Checkout Building au Centre spatial Kennedy en Floride, le 16 décembre. 16, 2024.
Crédit Photo : Miguel J. Rodriguez Carrillo / AFP
Le vaisseau spatial Artemis IV Orion est exposé dans sa cellule d'assemblage final à l'intérieur du Neil Armstrong Operations and Checkout Building au Centre spatial Kennedy en Floride, le 16 décembre. 16, 2024.

L’avenir du programme spatial Artémis est incertain depuis le retour au pouvoir de Donald Trump.

Un mois après son investiture, aucune annonce officielle n’a été faite sur ce projet destiné à ramener des astronautes américains sur la Lune.


Bien que lancé sous sa première présidence, Artémis pourrait être réduit ou même abandonné pour réorienter les efforts vers Mars, un objectif partagé par Trump et son allié Elon Musk. Lors de son discours d’investiture en janvier, le président a déclaré sans évoquer le retour lunaire:


Nous poursuivrons notre destinée jusqu'aux étoiles, en envoyant des astronautes américains planter la bannière étoilée sur la planète Mars.

De son côté, le patron de SpaceX, obsédé par la planète rouge, milite pour faire l’impasse sur la Lune.


Départs et licenciements: vers un bouleversement du programme ?


L’absence de communication officielle nourrit les spéculations, surtout après l’annonce de départs et de licenciements. La NASA a confirmé mercredi le départ à la retraite de Jim Free, un haut responsable et fervent défenseur d’Artémis.


L’entreprise Boeing, qui développe la fusée SLS (Space Launch System) pour Artémis, a annoncé qu’elle pourrait licencier 400 employés d’ici avril pour s’adapter aux "révisions du programme".

"Qu’il soit parti de lui-même ou qu’il ait été poussé vers la sortie, ce départ montre que la direction de l’agence est en train de changer", analyse Laura Forczyk, spécialiste du secteur spatial.

Selon Keith Cowing, ancien scientifique de la NASA et rédacteur du site NASA Watch, ces annonces suggèrent un réajustement majeur plutôt qu’une suppression complète du programme.


Artémis menacé au profit de SpaceX ?


Plusieurs scénarios sont envisageables:


  • Abandon du lanceur SLS, jugé trop coûteux et retardé, au profit d’alternatives privées, notamment Starship de SpaceX.
  • Réduction du programme avec l’annulation de certaines missions lointaines.

Cependant, un abandon total d’Artémis risquerait de compromettre les ambitions américaines sur Mars, tout en laissant un avantage stratégique à la Chine, qui prévoit d’envoyer des astronautes sur la Lune d’ici 2030.


Un choix politique à hauts risques


Toute décision concernant Artémis aura des conséquences politiques et économiques. La mission Artémis 3, prévue pour mi-2027, vise à envoyer des astronautes sur la Lune pour la première fois depuis Apollo 17 en 1972.

Si la NASA abandonne le SLS au profit de Starship, cela réduirait la marge de manœuvre du gouvernement et soulèverait des questions éthiques et juridiques, notamment en raison de la proximité de Musk avec Trump.


Un tel changement provoquerait aussi une opposition au Sénat, car il mettrait en péril des milliers d’emplois dans des États conservateurs comme le Texas, l’Alabama, le Mississippi et la Floride.


"L’administration Trump est imprévisible et nous n’avons aucune idée de ce que Trump ou Musk ont en tête", avertit Laura Forczyk.

L’avenir d’Artémis dépend désormais des choix stratégiques de la Maison-Blanche, entre conquête de Mars et ambitions lunaires.

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