Données personnelles et IA: Google récolte, l'Europe enquête

16:1312/09/2024, jeudi
AFP
Le logo de Google est affiché devant le siège de l'entreprise lors de l'événement Made By Google, à Mountain View, en Californie.
Crédit Photo : JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
Le logo de Google est affiché devant le siège de l'entreprise lors de l'événement Made By Google, à Mountain View, en Californie.

Nouvel acte dans la bataille continue entre les régulateurs européens et les géants de la tech: l'autorité irlandaise de protection des données, agissant au nom de l'Union européenne, a ouvert jeudi une enquête contre Google concernant son exploitation des données personnelles pour son intelligence artificielle (IA).

Le géant californien n'est pas le premier à être visé par l'UE, Meta et X ayant déjà été mis en cause pour l'utilisation de ces informations afin d'entraîner leur propre IA.


Pour Google, la Commission irlandaise pour la protection des données (DPC) cherche à déterminer si le groupe a manqué à son obligation de réaliser une étude d'impact sur l'utilisation des données avant de les exploiter pour son IA.

Une telle étude est cruciale pour garantir la protection des droits et libertés fondamentaux des individus, rappelle la DPC. Cette exigence découle du Règlement général sur la protection des données (RGPD), instauré par l'UE en 2018 pour encadrer l'utilisation des données personnelles par les géants technologiques. Un porte-parole de Google a déclaré:


Nous prenons au sérieux nos obligations en vertu du RGPD et nous travaillerons de manière constructive avec la DPC pour répondre à leurs question.

Course effrénée à l'IA


L'autorité irlandaise de protection des données est compétente pour mener cette enquête au nom de l'UE car le siège européen de Google est situé en Irlande, tout comme ceux de nombreux géants de la Silicon Valley, dont Apple, TikTok, X et Meta.


L'enquête se concentre sur le modèle d'IA
"Pathways Language Model 2"
(PaLM 2), lancé en 2023, qui a été formé sur de grandes quantités de données. Depuis, Google a lancé un nouveau modèle, Gemini, encore plus performant.

Depuis l'arrivée de ChatGPT il y a deux ans, les entreprises de la Silicon Valley se sont lancées dans une course effrénée à l'IA générative, qui permet de produire des textes, images ou lignes de code comparables à ceux créés par des humains, à partir de simples requêtes.


Chaque entreprise cherche à entraîner son modèle avec le maximum de données, rapidement et à grande échelle, quitte à être rappelée à l'ordre plus tard par les régulateurs.


Le réseau social X a ainsi exploité les données personnelles de ses utilisateurs européens entre le 7 mai et le 1er août pour former son programme d'IA, Grok, avant de recevoir un avertissement de la DPC et d'arrêter cette pratique.


Lenteurs des régulations


Meta, quant à elle, a échappé à une utilisation similaire en juin grâce à l'intervention de l'association autrichienne Noyb, connue pour son opposition aux pratiques des géants de la tech. La DPC avait alors suspendu le projet de Meta, qui visait à utiliser les données pour alimenter son IA, LLaMA.

Les régulateurs du monde entier, notamment en Europe, tentent depuis des années de réguler les géants de la tech, que ce soit en matière de concurrence déloyale ou de protection des données personnelles.


Toutefois, la guerre sans merci autour de l'IA complique cette tâche, d'autant que les entreprises bénéficient des lenteurs des processus législatifs et judiciaires.


Par exemple, Apple a récemment été condamné à rembourser 13 milliards d'euros d'arriérés fiscaux à l'Irlande, après huit ans de procédure, tandis que Google a été condamné à une amende définitive de 2,4 milliards d'euros dans une affaire débutée en 2010 concernant son comparateur de prix.

Malgré ces sanctions, Google a enregistré un bénéfice net de 23,6 milliards de dollars (21,4 milliards d'euros) au deuxième trimestre 2024.


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