JO 2024: Joel Embiid, de Yaoundé à la gloire en NBA

10:1524/07/2024, mercredi
AFP
Joel Embiid, numéro 11 de l'équipe des États-Unis, lors du match contre l'équipe du Canada le 10 juillet 2024 à la T-Mobile Arena de Las Vegas, Nevada.
Crédit Photo : Nathaniel S. Butler / NBAE / AFP
Joel Embiid, numéro 11 de l'équipe des États-Unis, lors du match contre l'équipe du Canada le 10 juillet 2024 à la T-Mobile Arena de Las Vegas, Nevada.

À Yaoundé, le parcours de Joel Embiid, devenu une star NBA, inspire fierté et frustration alors qu'il participe aux JO 2024 avec les États-Unis.

Le terrain décati de ce collège de Yaoundé tranche avec les parquets parfaits de la NBA: c'est là que tout a commencé pour son ancien élève le plus célèbre, Joel Embiid, devenu star planétaire du basket, qui participe aux JO 2024 avec les États-Unis.


Le personnel de l'établissement présente volontiers aux curieux la terre battue, le poteau et l'arceau en fer qui ont bercé l'éducation sportive du prodige et résisté à l'épreuve du temps.


Dans le bureau du surveillant général, sur une petite photo accrochée au mur, se distingue la silhouette élancée du joueur de NBA, qui dépassait déjà ses camarades du collège avant son départ du Cameroun.


Le parcours sportif de Joel Embiid


C'était en 2010.
"Il dominait déjà tout le monde par sa taille. C'est l'année d'après qu'il est parti"
, se rappelle Emmanuel Ambomo, ancien surveillant du basketteur de 30 ans qui évolue du haut de ses 2,13 m au poste de pivot chez les 76ers de Philadelphie.

Dans ce collège de "Damas", un quartier cossu de Yaoundé, on se targue d'avoir contribué à l'éducation du géant.


"Il fallait le tenir"
, se souvient Thierry Mepoui, aussi surveillant du joueur à l'époque.

Alors, pour se canaliser, Joel Embiid se met au sport, mais surtout au football et au volley, raconte M. Mepoui, avant d'être poussé par son oncle à la Kossengwe Basketball Academy, meilleur centre de formation du Cameroun à l'époque.


"Ma fierté, c'est qu'il y a un génie du basket qui nous a écoutés. Le talent, il l'avait certainement, mais ici, il a acquis la discipline"
, assure celui qui rêve de revoir son
"poulain"
fouler la cour du collège.

Dans son club de Yaoundé, le jeune Embiid se fait très vite remarquer grâce à son potentiel. Et quelques mois seulement après avoir commencé à jouer, l'adolescent s'envole pour l'Afrique du Sud pour un camp d'été du championnat nord-américain "NBA Without Border" (NBA Sans Frontière, NDLR). C'est la première étape de l'ascension à l'étranger du jeune Camerounais.


La fierté et la frustration des Camerounais


Mais à Damas, plus d'une décennie plus tard, la fierté se mêle à la frustration de voir l'enfant du pays représenter une autre nation aux Jeux olympiques de Paris, où le tournoi de basket masculin débute samedi.


"Quand on voit qu'il n'est plus Camerounais, ça nous gêne"
, se désole Roger Dassi qui a entraîné Joel Embiid dans son enfance.

Le joueur de NBA a acquis les nationalités française et américaine, renonçant ainsi à son passeport camerounais.

"On a besoin d'eux pour développer le basketball au Cameroun, c'est pour ça qu'on les entraîne. Tous nos enfants vont-ils devenir Américains ?",
s'emporte Roger Dassi.

En marge d'une compétition de basket au Palais des Sports de Yaoundé, Yves Tsala, ancien vice-président du club formateur d'Embiid, tempère.


Pour lui,
"le message principal que sa réussite véhicule"
est qu'elle
"permet à tous les jeunes qui jouent ici de se dire qu'ils peuvent le faire"
. Il estime toutefois qu'Embiid
"aurait eu plus d'impact à jouer pour le Cameroun".

"Il n'aurait pas eu le même résultat qu'avec les États-Unis sur le plan sportif"
concède-t-il, mais grâce à lui l'équipe nationale aurait pu
"changer de statut"
et Embiid se serait
"complètement inscrit dans la légende"
dans son pays natal, affirme Yves Tsala.

"À côté de lui, il y a son entourage, il y a ses agents, il y a son club qui investit énormément. Tous ces gens doivent être rassurés par rapport à là où il va. Vu que le Cameroun c'était compliqué, il a envisagé d'autres possibilités".

De son côté, Claude Bessim Bene, entraîneur et arbitre de basket à Yaoundé, s'est également fait une raison.


"On aurait voulu qu'il joue pour le Cameroun, ça aurait fait une belle image pour notre pays. Mais on est content de savoir qu'un digne fils du pays représente le basketball camerounais et africain, c'est comme un ambassadeur"
, conclut-il.

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