En 2015 à Paris, les Etats se sont engagés à limiter la hausse de la température, si possible, à 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle, et se sont fixé ensuite des trajectoires nationales de réduction des gaz à effet de serre (GES). Mais les engagements actuels préparent un climat réchauffé de +2,8°C d'ici 2100.
Il ne suffit donc plus de promettre, comme plus de 70 pays, d'être neutre en carbone d'ici 2050 ou 2060, mais de négocier explicitement le tarissement de la source prépondérante des émissions, non mentionnée dans l'accord de Paris: les énergies fossiles (80% de la consommation énergétique mondiale).
La discussion ne peut plus être évitée à la COP28, tenue d'établir le premier bilan officiel de l'accord de Paris. Et d'identifier les mesures nécessaires pour corriger le tir.
Les Etats ne s'accorderont pas sur une date d'abandon complet des hydrocarbures. Mais nombre de pays, dont ceux de l'UE, pousseront pour la quasi-élimination des combustibles brûlés sans captage ni stockage du carbone. A quelle date? A quel rythme? Et avec quelle place accordée à ces technologies balbutiantes de captage, accusées d'être une échappatoire pour les pays producteurs?
La fin des nouveaux projets ou la réduction des subventions et investissements dans cette industrie (1.342 milliards de dollars par an en 2019-2021) seront l'objet d'âpres discussions, qui doivent tracer la route vers une réduction des émissions de 43% en 2030 par rapport à 2019.
Les négociations tourneront donc autour du développement accéléré des énergies bas-carbone: tripler la capacité des renouvelables et doubler le rythme d'amélioration de l'efficacité énergétique d'ici 2030, promouvoir l'hydrogène vert, etc.
Depuis 1992, la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CNUCC), qui fournit le cadre des négociations, repose sur le principe de la justice climatique: les pays riches, principaux émetteurs et responsables historiques de la crise, doivent aide financière et technologique au reste du monde.
Cette aide, qui doit être rehaussée dès 2025, n'est pourtant qu'une fraction du nécessaire: plus de 2.000 milliards de dollars seront requis chaque année d'ici 2030 pour financer l'adaptation au changement climatique et le développement de ces pays, selon un groupe d'experts des Nations unies.
Un an plus tard, les négociations techniques patinent.
Autant de points complexes encore à trancher, sur une question jugée cruciale et emblématique par les pays en développement, qui n'accepteront pas de quitter Dubaï sans une mise en œuvre concrète.