Le Brésil "en guerre" contre les incendies dans le sud-est

La rédaction
13:3026/08/2024, lundi
AFP
Un incendie dans les environs de Ribeirao Preto, État de São Paulo au Brésil, le 25 août 2024.
Crédit Photo : Carlos FABAL / AFP
Un incendie dans les environs de Ribeirao Preto, État de São Paulo au Brésil, le 25 août 2024.

Le Brésil est "en guerre contre les incendies et la criminalité", a affirmé dimanche la ministre de l'Environnement, Marina Silva, alors que l'état d'urgence a été décrété dans 45 villes de l’État de São Paulo (sud-est).

À l'issue d'une réunion de crise avec le Président de gauche Luiz Inácio Lula da Silva, la ministre a annoncé que la police fédérale avait ouvert des enquêtes pour déterminer les causes des feux de brousse qui ont touché la région ces derniers jours. Le Président Lula a déclaré sur le réseau social X:


La police va mener l'enquête et le gouvernement va travailler avec tous les États pour combattre les incendies.

Le gouverneur de São Paulo, Tarcísio de Freitas, qui a décrété l'état d'urgence dans 45 communes, a annoncé dimanche l'arrestation de deux personnes soupçonnées d'avoir déclenché des incendies criminels.


L'une des zones les plus touchées est celle de Ribeirão Preto, ville de plus de 700 000 habitants située à environ 300 km de São Paulo, au cœur d'une importante zone agricole. Carlos Rodrigues, retraité de 66 ans a déclaré:


J'ai mis le nez dehors hier soir vers 19H00 et j'ai eu beaucoup de mal à respirer. Je vis ici depuis 32 ans et je n'ai jamais vu une chose pareille.

"J'ai vraiment eu très peur (...) Comme je souffre de rhinite, je suis restée enfermée chez moi"
, a dit pour sa part Nazaré Loureiro dos Santos, esthéticienne de 71 ans, s'abritant sous un parapluie. Les autorités espèrent que les précipitations tombées dimanche aideront à atténuer la gravité de la situation.

"Apocalyptique"


Dans un lotissement huppé, des habitants ont dû quitter leurs domiciles à l'approche des flammes, selon le site d'informations G1.


Plusieurs vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent Ribeirão Preto plongée dans l'obscurité samedi dès la fin d'après-midi, avec une épaisse couche de fumée et de fortes rafales de vent.


"C'est apocalyptique. Beaucoup de vent, beaucoup de fumée, on ne voit plus la ville. Et il est 17H00"
, dit l'auteur d'une des vidéos, muni d'un masque de protection pour sortir de chez lui et plissant les yeux à cause de la fumée.

Deux employés d'une usine sont décédés vendredi à Urupês, dans le nord de l’État, alors qu'ils luttaient contre un incendie.

Des vols ont été annulés et des routes ont été coupées en raison des incendies, qui ont également détruit des cultures et tué du bétail.

Selon la mairie de Santo Antônio do Aracanguá, une quarantaine de bovins sont morts carbonisés dans une ferme.


Le gouverneur Tarcísio de Freitas a déclaré que 10 millions de reais (environ 1,63 million d'euros) seraient alloués pour aider les agriculteurs qui ont perdu leurs récoltes ou leur bétail.

Un KC-390 d'Embraer, appareil de transport de troupes de l'armée de l'air brésilienne reconverti en bombardier d'eau d'une capacité de 12 000 litres, est arrivé à Ribeirão Preto dans la nuit de samedi à dimanche.


Mais selon la ministre Marina Silva, il n'a pas encore pu opérer en raison de la quantité de fumée.
"Cela donne une idée de l'ampleur du problème"
, a-t-elle déploré.

L'Amazonie brûle


Des nuages de fumée sont visibles dimanche dans plusieurs villes d'autres régions, y compris la capitale Brasília (centre-ouest).


D'après les données recueillies par les satellites de l'Institut national de recherches spatiales (INPE), l’État de São Paulo vit son pire mois d'août pour les incendies depuis le début des relevés, en 1998, avec 3 480 foyers identifiés. C'est plus du double du total de l'année dernière.

Le gouvernement Lula associe la situation au changement climatique.
"On ne peut plus continuer à nier la crise climatique. Il faut combattre les changements climatiques avec intelligence, des investissements et des financements, y compris de pays riches qui ont déjà dévasté leurs forêts. Le Sud global ne peut pas payer seul la note"
, a affirmé le président brésilien dimanche sur X.

La propagation des incendies est favorisée par une période de sécheresse exceptionnelle, dans l’État de São Paulo, mais aussi en Amazonie (nord), où les feux de forêt font rage.

Plus de 48 674 départs de feu ont été détectés depuis début 2024 dans la région qui abrite la plus grande forêt tropicale de la planète, une hausse de 76 % par rapport à la même période de l'année dernière.


À lire également:




#Brésil
#Incendie
#Climat
#Environnement
#Marina Silva
#Lula
#Agriculture