Thaïlande: menacé de destitution, le Premier ministre fixé sur son sort mercredi

10:0712/08/2024, Pazartesi
AFP
Le Premier ministre thaïlandais Srettha Thavisin.
Crédit Photo : Lillian SUWANRUMPHA / AFP
Le Premier ministre thaïlandais Srettha Thavisin.

Le Premier ministre thaïlandais Srettha Thavisin attend mercredi une décision de justice cruciale pour son maintien et l'avenir de sa coalition, dans un climat politique pesant.

La deuxième économie d'Asie du Sud-Est, habituée aux crises cycliques, traverse une énième période de turbulences, qui a vu la semaine dernière la dissolution du principal parti d'opposition.


L'instabilité chronique, réputée pour détourner les investisseurs du pays, n'épargne pas le camp au pouvoir, qui vit depuis plusieurs semaines avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête.

Srettha Thavisin est accusé d'avoir enfreint des règles éthiques fixées dans la Constitution, en nommant comme ministre Pichit Chuenban, un avocat condamné en 2008 à six mois de prison dans une affaire de corruption. Le dirigeant a nié toute manœuvre illégale.


Les accusations font écho aux tensions des années 2000 et 2010, entre le milliardaire Thaksin Shinawatra, dont MM. Srettha et Pichit sont proches, et l'establishment militaro-royaliste.

Les deux camps gouvernent aujourd'hui ensemble au sein d'une coalition décriée et fragile sur fond de vieilles rancunes qui maintiennent sur un siège éjectable M. Srettha, issu du parti Pheu Thai contrôlé par la famille Shinawatra.


Sous la pression, M. Pichit a quitté le gouvernement, mais la Cour constitutionnelle a malgré tout accepté d'examiner une plainte déposée par 40 sénateurs pro-armée demandant la destitution de M. Srettha. Les juges rendront leur décision mercredi.


Un expert interrogé par l'AFP s'attend toutefois à un maintien du Premier ministre, faute d'un candidat assez influent pour prendre la relève.


Bras de fer politique


"Il n'a rien fait de mal et il travaille dur"
, a expliqué Thitinan Pongsudhirak, professeur à l'université Chulalongkorn de Bangkok. Cette affaire se résume à
"une démonstration de force qui coûte cher à la Thaïlande"
, en raison des incertitudes qui ont ralenti le travail du gouvernement, a-t-il estimé.

Mais une majorité de Thaïlandais rejette sa politique, selon un sondage publié en juin, alors que le pays affiche l'un des taux de croissance les plus faibles d'Asie du Sud-Est.


Ses projets de recriminaliser le cannabis et de distribuer 10 000 bahts (250 euros) à plus de 40 millions de Thaïlandais ont notamment provoqué des remous dans le pays et au sein de sa coalition.

M. Srettha a ouvert la porte à un remaniement ministériel s'il reste en poste, selon des déclarations relayées par la presse locale.


La Cour constitutionnelle a dissous mercredi dernier le principal parti d'opposition, Move Forward, le mouvement pro-démocratie qui a remporté le plus grand nombre de voix et de députés aux élections de 2023.

Les juges ont aussi rendu inéligible pour dix ans son leader Pita Limjaroenrat, la personnalité politique la plus populaire de Thaïlande.


Les membres restants de Move Forward ont lancé vendredi une nouvelle structure, nommée Parti du peuple, avec l'ambition d'apporter l'alternance au pouvoir au prochain scrutin national, prévu en 2027.


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