Le principal opposant en Thaïlande, Pita Limjaroenrat, risque un bannissement de la vie politique pendant dix ans, et son parti, le Move Forward Party (MFP), la dissolution, dans une affaire jugée mercredi, sur fond de recul de la démocratie dans un pays habitué aux crises.
Le royaume se dirige vers un nouveau cycle d'instabilité, avec plusieurs épisodes au tribunal prévus jusqu'à la fin du mois d'août qui pourraient attiser des divisions profondes autour de la place accordée à la monarchie dans la société.
La Cour constitutionnelle doit se prononcer vers 15H00 (08H00 GMT) dans l'affaire visant le MFP, la principale force à l'Assemblée nationale qui a remporté les dernières élections avec un discours progressiste rarement vu en Asie du Sud-Est.
Dans une autre décision en janvier, la Cour constitutionnelle a assimilé cette proposition à une tentative de renverser la monarchie, une accusation gravissime en Thaïlande où le roi Maha Vajiralongkorn bénéficie d'un statut de quasi-divinité qui le place au-dessus de toute critique.
Seule formation à oser évoquer la monarchie, MFP a rejeté ces accusations et dénoncé des manoeuvres de ses adversaires visant à discréditer le parti le plus populaire du pays.
"Conséquences à long terme"
Plus de quatorze millions de Thaïlandais, un résultat inédit en plus de dix ans, ont choisi le programme de rupture porté par le charismatique Pita Limjaroenrat, également critique de la Constitution, de l'armée et des conglomérats.
Le candidat de 43 ans incarne le renouvellement d'une classe politique vieillissante dominée par des familles riches ou des généraux. Il est, de loin, la personnalité politique préférée du royaume.
Son bannissement pourrait avoir des conséquences à long terme pour la démocratie en Thaïlande, a prévenu l'ONG Human Rights Watch en avril.
Le Premier ministre en suspens
L'implosion guette les équilibres précaires formés au moment de la nomination l'an dernier comme Premier ministre de Srettha Thavisin, issu de Pheu Thai, le deuxième parti au Parlement.
Dans ce scénario, seront surveillés les mouvements des députés MFP non bannis, qui pourraient créer un nouveau parti ou se joindre à la coalition au pouvoir.