Le président de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a lancé un appel à la reconnaissance d’un "génocide oublié" perpétré depuis trois décennies dans l'est du pays, en lien avec le "pillage des richesses" (Genocost). Il s'exprimait à l'ouverture d'une table ronde qui a débuté le lundi 31 mars au centre culturel de Kinshasa, et qui se poursuit jusqu’au 4 avril.
Cette rencontre est accompagnée d’une exposition qui documente les crimes commis à travers plusieurs régions du pays, notamment de Makobola à Mwenga, en passant par Kisangani, Lubero, Bukavu et, plus récemment, Kishishe.
"Tous les crimes liés au pillage des richesses y sont exposés", précise un communiqué de la présidence congolaise. Tshisekedi a dénoncé la perte de plus de 10 millions de vies humaines depuis plusieurs décennies, soulignant que ces crimes étaient ignorés par la communauté internationale. Cependant, il a souligné que la vérité sur ces atrocités commence enfin à émerger.
La RDC, souvent perçue uniquement comme un pays riche en ressources naturelles, cache une réalité sombre que le président a détaillée. "Plus de 10 millions de vies innocentes ont été brutalement perdues, victimes d’une violence systématique et cyclique visant des communautés entières", a-t-il déclaré. Tshisekedi a également exprimé sa satisfaction de voir la vérité sur ces crimes commencer à éclater au grand jour.
"Notre marche vers la vérité et la paix est semée d’embûches politiques, diplomatiques et idéologiques, mais elle est irréversible", a-t-il ajouté. Il a exhorté ses compatriotes à s’unir pour bâtir un avenir de paix, de justice et de dignité, en insistant sur l’importance de cette responsabilité historique.
La présidence congolaise a révélé l’ampleur des violences, mentionnant 10 millions de morts, 6 millions de déplacés internes, et plus de 200 fosses communes disséminées à travers le Grand Kivu. Elle a décrit la situation comme un "génocide économique" presque ignoré du reste du monde.
En réponse à cette tragédie, Tshisekedi a annoncé la création d'un groupe d’experts chargés d’évaluer les préjudices subis et les pertes humaines liées à ces crimes de masse. Il a également insisté sur la nécessité d’intégrer l’histoire de ces exactions dans les programmes scolaires, universitaires et médiatiques, afin de promouvoir une culture de la paix et de la mémoire collective.
Cette initiative intervient dans un contexte de violences armées continues à l’est du pays, où plus de 100 groupes armés, notamment le M23, contrôlent l'exploitation des ressources minières. Le gouvernement congolais accuse le Rwanda de soutenir ces rebelles, bien que Kigali rejette ces accusations et affirme que le M23 est un mouvement dirigé par des Congolais. Les médiations régionales n'ont, pour l'heure, pas permis de mettre fin à ce conflit.
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