Crédit Photo : Anthony WALLACE / AFP
Park Choong-kwon chercheur, qui a quitté la Corée du Nord pour la Corée du Sud en 2009, posant devant le bâtiment de l'Assemblée nationale à Séoul.
Avant de fuir la Corée du Nord en 2009, Park Choong-kwon a contribué au développement de l'arsenal de missiles de longue portée du pays. Aujourd'hui député à Séoul, le transfuge tire la sonnette d'alarme sur les programmes d'armement nord-coréens.
Fin mai, Pyongyang a annoncé avoir tenté, en vain, de mettre en orbite un satellite de reconnaissance. Si le lancement a échoué, il a été qualifié de
par Séoul.
"Le Nord s'est mis à développer publiquement ses propres programmes en 2017 (...) mais ce développement était complet à 80% ou 90% quand je me suis enfui en 2009"
, raconte Park Choong-kwon, élu en avril au Parlement à Séoul.
Le mois dernier, le lanceur nord-coréen a explosé en vol en raison d'un problème de
"fiabilité du moteur à oxygène liquide et à kérosène"
de conception récente, selon l'Administration aérospatiale nord-coréenne. Or, Pyongyang
"teste un nouveau moteur, alors même qu'ils sont capables de mettre un satellite en orbite avec un moteur dont ils disposent déjà"
, assure Park Choong-kwon à l'AFP.
Il aurait pu faire partie de l'élite nord-coréenne, mais son aversion pour la discipline militaire et sa désillusion quant à la corruption ambiante l'ont poussé au départ.
Adolescent, ce natif de Hamhung, une ville côtière de l'est de la Corée du Nord, est envoyé dans une école spéciale pour enfants surdoués, avant d'intégrer l'Université de la défense nationale du pays. Cet établissement a été créé dans les années 1960
"dans le but principal de fabriquer des missiles balistiques intercontinentaux"
, selon M. Park.
Ce transfuge, le quatrième à se faire élire député en Corée du Sud, étudie dans cette université de 2003 à 2007, où il se spécialise en génie chimique. Il est amené à participer à la fabrication de missiles de longue portée conçus pour atteindre des cibles aux États-Unis.
En dernière année, il découvre que pour obtenir un bon emploi après l'obtention de son diplôme, il doit
"soudoyer des fonctionnaires à hauteur de 3.000 dollars"
. Il se confie:
Après cela (...) les derniers espoirs et rêves que je nourrissais pour le régime se sont évanouis. Je ne pouvais rien faire pour changer les choses de l'intérieu.
Pour ne pas mettre en danger sa famille restée sur place, il planifie sa fuite avec minutie. Il traverse le fleuve frontalier Tumen pour rejoindre la Chine, puis la Corée du Sud.
À Séoul, il reprend les études en doctorat au sein de la prestigieuse Université nationale de Séoul, avant de travailler pour l'entreprise de sidérurgie Hyundai Steel, qui dépend du conglomérat homonyme. L'année dernière, le Parti du pouvoir au peuple (PPP), formation conservatrice tenante d'une ligne dure à l'égard de la Corée du Nord, l'investit pour les élections législatives qu'il remporte en avril.
M. Park dit souhaiter travailler sur les questions liées à Pyongyang au cours de son mandat, tout en utilisant ses domaines d'expertise, comme l'ingénierie. Pour faire avancer la situation, il est selon lui nécessaire que les Nord-Coréens puissent être informés de ce qu'il se passe à l'extérieur de leur pays.
"La Corée du Nord emploie une double stratégie pour maintenir le régime au pouvoir : désigner un ennemi extérieur pour susciter un sentiment de crise au sein de sa population, et présenter de nouvelles armes pour inspirer un sentiment de fierté"
, explique Park Choong-kwon. Mais d'après lui, si le peuple nord-coréen
, cette stratégie cessera de fonctionner et le cycle sans fin des
pourra enfin prendre fin.
#Corée du Sud
#Corée du Nord
#politique
#parlement
#armes
#Kim Jong Un
#Asie