Crédit Photo : Fazal RAHMAN / AFP
Des responsables de la sécurité assistent aux prières funéraires d'un policier qui a été tué avec un travailleur de la polio lors d'une attaque par des hommes armés dans le district de Bajaur, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, le 11 septembre 2024.
Plus de 100 policiers pakistanais chargés d'assurer la sécurité des équipes de vaccination contre la poliomyélite dans les zones frontalières avec l'Afghanistan étaient en grève jeudi, après avoir été ciblés par une série d'attaques meurtrières.
Les policiers sont régulièrement déployés pour protéger les vaccinateurs contre la polio, qui font du porte-à-porte et sont souvent une cible privilégiée des groupes armés. Ces dix dernières années, des centaines de policiers et de vaccinateurs ont ainsi été tués.
"Tous les policiers qui apprennent l'existence de la grève cessent d'assurer la protection des vaccinateurs pour rejoindre le mouvement de protestation"
, a déclaré à l'AFP un officier de police, sous couvert d'anonymat, présent lors d'un sit-in. Il a précisé que des négociations avec les hauts fonctionnaires du district de Bannu, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, avaient échoué pour l'instant.
Depuis le lancement de la dernière campagne de vaccination anti-polio lundi, au moins deux policiers et un coordinateur ont été tués dans des zones rurales à la frontière afghane. La dernière attaque a eu lieu jeudi, lorsque des motards ont ouvert le feu sur un policier chargé de protéger les vaccinateurs.
"L'équipe de vaccinateurs était dans une rue proche à ce moment-là, donc ils n'ont pas été blessés"
, a expliqué Ziauddin Ahmed, chef de la police locale, à l'AFP. Lundi, une bombe revendiquée par l'État islamique au Khorassan (EI-K) avait blessé neuf personnes, principalement des policiers, alors qu'ils escortaient une équipe de vaccination anti-polio.
La plupart de ces attaques sont revendiquées par les talibans pakistanais (TTP), un groupe distinct des talibans afghans mais partageant une idéologie similaire.
Selon l'Unicef, les cas de poliomyélite, une maladie extrêmement contagieuse causée par un virus attaquant le système nerveux et pouvant entraîner une paralysie irréversible, avaient fortement diminué grâce aux campagnes de vaccination. Au début des années 90, le Pakistan enregistrait 20.000 cas par an, alors qu'en 2024, seuls 17 cas ont été répertoriés. Cependant, ce chiffre est en hausse par rapport à 2023, où seuls six cas avaient été recensés.
Le Pakistan est l'un des deux seuls pays au monde, avec l'Afghanistan, où la poliomyélite reste endémique.
La campagne de vaccination en cours vise à vacciner 30 millions d'enfants en une semaine.
"Une partie de la campagne se poursuit ici, mais de nombreux policiers ont quitté leurs postes pour rejoindre le mouvement de protestation"
, a expliqué un officier présent au sit-in.
La vaccination anti-polio au Pakistan est souvent entravée par des théories conspirationnistes qui prétendent que les vaccins font partie d'un complot occidental visant à stériliser les enfants musulmans.
Depuis le retour des talibans au pouvoir en Afghanistan en 2021, le Pakistan a été confronté à une série d'attaques, principalement dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, au nord-ouest, et dans le Baloutchistan, au sud-ouest, proche des frontières afghane et iranienne.
Ces dernières années, Islamabad a accusé Kaboul de fermer les yeux sur les talibans pakistanais basés en Afghanistan qui mènent des incursions au Pakistan pour attaquer les forces de sécurité, une accusation que le gouvernement taliban réfute.
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