Khadidiatou Sar Seck, fondatrice de la structure il y a une quinzaine d'années, fait figure de pionnière dans ce pays ouest-africain où le poisson et la pêche font partie de l'identité nationale.
Le poisson représente plus de 70% des apports en protéines des foyers et la pêche ferait vivre directement ou indirectement environ 600.000 personnes sur une population de 18 millions.
Mais la ressource, qui semblait intarissable il y a quelques années, se raréfie sous l'effet de la surpêche, de la pêche illégale et du réchauffement climatique.
Presque pas un jour ne passe sans qu'une embarcation de migrants ne soit signalée en route vers les Canaries, porte d'entrée de l'Europe, ou qu'un naufrage ne soit rapporté. Beaucoup de ces migrants sont des pêcheurs ou des habitants des localités côtières dépendant de la pêche.
Face à cette situation préoccupante, les autorités sénégalaises disent vouloir promouvoir l'élevage de poissons et attirer les investisseurs.
L'aquaculture est pratiquée au Sénégal depuis longtemps, mais elle n'a jamais vraiment décollé. Malgré la création en 2006 d'une agence dédiée, l'activité ne représente qu'à peine 1% de la production halieutique du pays, soit 1.804 tonnes en 2023, dont 56,8% d'huîtres, 26,5% de poissons, 12% d'algues et 4,3% de moules.
Les difficultés s'accumulent pour ceux qui se lancent dans cette activité.
Ses produits sont vendus directement aux particuliers, à des grossistes ou à des poissonneries.
Samba Ka, directeur de l'agence nationale de l'aquaculture, affiche de grandes ambitions. Il estime:
Tout est possible si les investissements et les partenaires suivent.
L'agence espère atteindre une production de 65.000 tonnes d'ici 2032 et créer environ 50.000 emplois.
Dans son vaste hangar, à une centaine de kilomètres au sud-est de Dakar, Demba Diop s'est spécialisé dans la production d'alevins, jeunes poissons destinés à l'élevage, maillon essentiel de la chaîne.
Sur le quai de Soumbedioune, à Dakar, où les pêcheurs hissent leurs pirogues colorées sur la plage, Olivier Gomes, 36 ans, rejette l'idée de se tourner vers l'aquaculture.
Et d'ajouter:
Nous avons assez de poissons dans nos mers, mais malheureusement, ce sont les chalutiers étrangers qui nous en privent.
Il note également une différence de goût entre les poissons de mer et ceux d'élevage, et craint une concurrence sur les prix. Il envisage même de prendre la route de l'exil vers l'Europe pour gagner plus d'argent.
En revanche, Alioune Badara, ancien pêcheur de 54 ans, qui a vécu quelques années en Europe avant de revenir au Sénégal, se montre intéressé par l'aquaculture.