Les bandes criminelles, qui contrôlent la majorité de la capitale Port-au-Prince ainsi que les routes menant au reste du territoire, s'en prennent ces derniers jours à des sites stratégiques du pays pauvre des Caraïbes: académie de police, aéroport et plusieurs prisons, d'où ont pu s'évader des milliers de détenus.
Mardi, lors d'une interview à la presse, entouré d'hommes armés et cagoulés, l'influent chef de gang haïtien Jimmy Chérizier, surnommé "Barbecue", a menacé:
Si Ariel Henry ne démissionne pas, si la communauté internationale continue de le soutenir, nous allons nous tout droit vers une guerre civile qui conduira à un génocide.
Placé sous régime de sanctions de l'ONU et considéré comme l'un des chefs de gang les plus influents, cet ancien policier de 46 ans a poursuivi:
Soit Haïti devient un paradis pour nous tous, soit un enfer pour nous tous.
Absent depuis plusieurs jours d'Haïti après un déplacement au Kenya, Ariel Henry a atterri mardi à Porto Rico, a affirmé auprès de l'AFP la porte-parole du gouverneur de ce territoire américain des Caraïbes.
Le département d'État américain avait annoncé lundi que le Premier ministre était sur la route du retour pour Port-au-Prince, mais d'après le média haïtien Radio Télé Métronome, il n'avait pas pu atterrir dans la capitale en raison de la situation sécuritaire à l'aéroport.
Sa représentante dans le pays, Maria Isabel Salvador, fera mercredi par visioconférence un point sur la situation lors de la réunion à huis clos du Conseil de sécurité.
Et la nouvelle escalade des derniers jours a forcé 15.000 personnes à fuir leur domicile à Port-au-Prince, selon l'ONU qui a commencé à leur distribuer nourriture et produits de première nécessité.
Après des mois de tergiversations, le Conseil de sécurité de l'ONU a finalement donné en octobre son accord pour l'envoi en Haïti d'une mission multinationale menée par le Kenya qui veut envoyer 1.000 policiers. Mais son déploiement se fait toujours attendre, notamment en raison d'une décision de la justice kényane.
Pour accélérer la mise en œuvre, Nairobi et Port-au-Prince ont signé vendredi un accord bilatéral, mais aucune date n'est avancée pour l'arrivée de la mission.
À fin février, cinq autres pays, dont le Bénin avec plus de 1.500 hommes, avaient notifié officiellement leur intention de participer à la mission sur le terrain.