La Banque du Japon devrait amorcer mardi la normalisation de sa politique monétaire

11:1419/03/2024, mardi
AFP
Le relèvement envisagé des taux au Japon serait une première depuis 17 ans.
Crédit Photo : Richard A. Brooks / AFP
Le relèvement envisagé des taux au Japon serait une première depuis 17 ans.

La Banque du Japon (BoJ) devrait annoncer mardi, selon plusieurs médias, des décisions historiques et relever son principal taux directeur afin de mettre fin à sa politique de taux négatif, l'une de ses mesures non conventionnelles phare depuis 2016.

Les marchés financiers ont déjà anticipé ce début de normalisation de sa politique monétaire ultra-accommodante, surtout depuis les résultats préliminaires vendredi dernier des négociations salariales annuelles au Japon, qui ont abouti à une hausse record des salaires dans le pays depuis 1991.


Un relèvement des taux serait une première depuis 17 ans pour l'institution.


À l'inverse de la Réserve fédérale américaine (Fed) ou de la Banque centrale européenne (BCE), qui ont commencé à vivement resserrer les conditions du crédit dans leurs zones respectives depuis 2022 à cause d'une forte poussée inflationniste, la BoJ a longtemps temporisé.

L'inflation s'est également réveillée au Japon depuis 2022 et la flambée des prix de l'énergie dans le sillage du début de l'invasion russe de l'Ukraine.


Mais avant d'agir, la BoJ voulait attendre de voir poindre une dynamique positive entre les hausses de prix et celles des salaires, une condition essentielle pour espérer atteindre son objectif d'une inflation stable de 2%.


Cet objectif a longtemps ressemblé à un vœu pieux dans un pays marqué par une croissance molle, une stagnation des salaires et une inflation atone depuis les années 1990, mais il paraît désormais de plus en plus réalisable.

Depuis 2016, la BoJ applique un taux négatif de 0,1% sur certains dépôts des banques auprès d'elle, afin de les inciter à prêter davantage aux agents économiques, comme les entreprises et les ménages.


Selon le quotidien économique japonais Nikkei, la BoJ devrait aussi renoncer mardi à son contrôle de la courbe des rendements obligataires japonaises, également instauré en 2016 et consistant à maintenir leurs rendements à dix ans autour de 0%.


Cet outil controversé car source d'importantes distorsions du marché obligataire nippon est devenu de plus en plus obsolète. La BoJ l'a d'ailleurs rendu progressivement plus flexible depuis fin 2022.


Kazuo Ueda, le gouverneur de la BoJ, devrait cependant s'employer mardi à rassurer et à minimiser la portée de ces décisions.

Les responsables de la BoJ ont déjà fait savoir à de multiples reprises ces derniers mois que le processus de normalisation devrait être extrêmement progressif, pour ne pas provoquer de choc sur les marchés financiers et risquer de tuer dans l'œuf le cercle vertueux espéré au Japon entre les salaires, l'inflation et la croissance économique.


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