Le parti au pouvoir dans ce pays du Caucase, le Rêve géorgien, a annoncé début avril le retour de ce projet de loi dont une première mouture avait été abandonnée après des protestations ayant rassemblé des dizaines de milliers de personnes à Tbilissi en mars 2023 pour dénoncer un texte s'inspirant de la législation russe visant les détracteurs du pouvoir.
Des images de la session parlementaire montrent un député de l'opposition donnant un coup de poing à la tête d'un législateur du parti au pouvoir, co-rédacteur du projet de loi, ce qui a provoqué une bagarre généralisée et la coupure de la retransmission en direct.
Dans la matinée, plusieurs dizaines de manifestants s'étaient rassemblés devant le Parlement pour déployer en signe de protestation un grand drapeau de l'Union européenne, que la Géorgie ambitionne à rejoindre.
La semaine dernière, environ 8.000 personnes avaient déjà manifesté contre le projet de loi à Tbilissi.
La Géorgie a l'ambition depuis des années d'approfondir ses relations avec les Occidentaux mais le parti au pouvoir est accusé de vouloir, au contraire, rapprocher cette ex-république soviétique de la Russie. Le retour de cette loi, critiquée par Bruxelles, risque de raviver de profondes divisions.
Le politologue Ghia Nodia souligne:
Le Rêve géorgien ne cache pas que la loi vise à neutraliser l'influence occidentale.
Le Premier ministre géorgien, Irakli Kobakhidzé, connu pour sa rhétorique anti-occidentale, se défend de tout sabotage du processus d'accession à l'UE, bien que Bruxelles ait réclamé l'abandon du texte.
En décembre, la Géorgie s'est vu accorder le statut officiel de candidat à l'adhésion, mais Tbilissi doit encore procéder à des réformes judiciaires et électorales, renforcer la liberté de la presse et réduire le pouvoir des oligarques avant que des négociations soient effectivement lancées.
Le retour du projet de loi au Parlement devrait également raviver les tensions entre le parti au pouvoir et la présidente géorgienne, Salomé Zourabichvili, farouche partisane du rapprochement avec l'UE.
En 2023, elle avait ouvertement soutenu les manifestants. Ses prérogatives sont cependant limitées.