Crédit photo: Amanuel Sileshi / AFP
L'organisme éthiopien de surveillance des droits humains a exprimé lundi sa "grave inquiétude" concernant les combats dans la région septentrionale de l'Amhara, ainsi que les arrestations "massives" de personnes de l'ethnie amhara dans le pays.
Le gouvernement fédéral a décrété l'état d'urgence le 4 août, suite à un regain de combats en Amhara entre l'armée fédérale et des combattants locaux, notamment la milice Fano, menaçant de raviver les tensions dans le nord de l'Éthiopie, neuf mois seulement après la fin d'un conflit dévastateur dans la région voisine du Tigré.
La commission éthiopienne des droits de l'homme (EHRC), institution publique indépendante, a affirmé dans un communiqué avoir reçu des plaintes pour violations des droits humains
"avant et après la déclaration de l'état d'urgence"
, sujet qui fait l'objet d'un vote au parlement ce lundi.
Dans la capitale Addis Abeba,
"il y a eu des arrestations massives de civils d'origine ethnique amhara, ainsi que de nombreuses détentions de migrants irréguliers en provenance d'Érythrée"
, souligne l'organisation, en déplorant de ne pas avoir
"pu obtenir d'accès pour vérifier les conditions de détention depuis la déclaration de l'état d'urgence"
.
Le gouvernement fédéral a annoncé vendredi l'arrestation de 23 personnes, dont un député et un journaliste.
En Amhara, après plusieurs jours d'affrontements meurtriers, l'armée a repris le contrôle des principales villes de la région la semaine dernière. L'EHRC indique:
Si les violents combats se sont apaisés dans les principales zones urbaines depuis le 9 août, ils se poursuivent dans d'autres parties de la région et demeurent une préoccupation majeure.
Ces combats ont impliqué
"l'utilisation d'artillerie lourde, entraînant des morts et des blessés parmi les civils, ainsi que des dommages matériels"
, d'après l'EHRC.
L'organisme a également reçu
"des informations crédibles faisant état de frappes et de bombardements, notamment à Debre Birhan, Finote Selam et Burie, ayant causé de nombreuses victimes civiles".
Des manifestants tentant de bloquer des routes ont été tués et des prisons ainsi que des postes de police ont été attaqués et pillés, entraînant le vol d'armes et de munitions ainsi que des évasions de détenus, ajoute l'organisme.
Aucun bilan officiel des combats n'a été communiqué, mais deux médecins de Bahir Dar et Gondar ont affirmé mercredi à l'AFP avoir constaté de nombreux civils morts ou blessés.
L'accès à la région Amhara étant restreint, il est impossible de vérifier de manière indépendante la situation sur le terrain.
Les tensions en Amhara ont augmenté depuis avril, suite à l'annonce du Premier ministre Abiy Ahmed de vouloir démanteler les
, des unités paramilitaires créées par de nombreux États régionaux au cours des quinze dernières années.
Les nationalistes amhara pensent que le gouvernement cherche à affaiblir leur région, alors que les
amhara, ainsi que la milice Fano, ont été des alliées cruciales du gouvernement pendant la guerre du Tigré entre novembre 2020 et novembre 2022.
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