Des détenus ont pris en otage 57 gardiens et policiers dans six prisons en Équateur, en représailles contre de récents transferts de détenus et contre des interventions des forces de sécurité dans les établissements pénitentiaires du pays, ont annoncé jeudi les autorités.
Quelques heures plus tôt, dans la nuit de mercredi à jeudi, deux véhicules piégés avaient explosé devant des bâtiments de l'administration pénitentiaire à Quito, un début de mutinerie avait éclaté dans une prison pour adolescents, et les forces de l'ordre avaient désactivé trois grenades prêtes à exploser dans un autre quartier de la capitale.
Autrefois considéré comme un îlot de paix en Amérique latine, l'Équateur, situé entre la Colombie et le Pérou, les deux plus gros producteurs mondiaux de cocaïne, est frappé depuis plusieurs mois par une vague de violences sans précédent liée au crime organisé et au narcotrafic.
Une grande partie de ces violences se déroule dans les prisons, dont de puissantes bandes criminelles se disputent le contrôle et que le gouvernement tente de reprendre en main. Quelque 430 détenus sont morts en Équateur depuis 2021, le plus souvent dans des affrontements entre gangs de narcotrafiquants.
Le ministre de l'Intérieur, Juan Zapata, avait déclaré plus tôt que tous les gardiens étaient pris en otage dans la prison de Cuenca (sud-ouest), où les détenus protestent depuis mercredi contre les opérations de maintien de l'ordre dans les prisons.
Lors d'une conférence de presse à Quito, Zapata a déclaré:
Nous sommes inquiets pour la sécurité de nos agents.
Recherches d'armes en prison
Mercredi, des centaines de soldats et de policiers avaient mené une opération de recherches d'armes, de munitions et d'explosifs dans une prison de Latacunga (sud), l'une des plus importantes du pays et le théâtre de fréquents affrontements mortels entre prisonniers.
Par ailleurs, six personnes incarcérées pour l'assassinat le 9 août du candidat à la présidentielle Fernando Villavicencio avaient été transférées dans d'autres prisons, a indiqué le ministre de la Sécurité, Wagner Bravo.
La prise d'otages est intervenue après l'explosion d'une camionnette et d'une voiture piégées, à quelques heures d'intervalle, devant des bâtiments appartenant à l'administration pénitentiaire à Quito, sans faire de victime.
Douze personnes, dont une de nationalité colombienne, ont été arrêtées pour les faits survenus dans la capitale, selon les autorités.
Jeudi, une tentative de mutinerie a par ailleurs eu lieu dans un centre de détention pour adolescents de Quito. Plusieurs prisonniers ont mis le feu à leurs matelas, et l'incendie a fait quatre blessés légers, selon les pompiers.