En RDC, les jeunes veulent des dirigeants à la hauteur de leurs rêves

12:5914/12/2023, четверг
MAJ: 14/12/2023, четверг
AFP
Un homme vote au centre de vote Katendere à Goma le 30 décembre 2018.
Crédit Photo : PATRICK MEINHARDT / AFP (Archives)
Un homme vote au centre de vote Katendere à Goma le 30 décembre 2018.

En RDC, les jeunes, majoritaires, demandent du travail et la paix plutôt que des promesses de devenir millionnaires, soulignant l'importance pour les futurs dirigeants de créer des emplois, de mettre fin à l'insécurité et de construire le pays de manière transparente.

Au guidon de son taxi-tricycle qui file dans les rues de Kinshasa, Gédéon, 22 ans, rêve de devenir ingénieur, comme des millions de jeunes Congolais qui demandent à leurs dirigeants un avenir à la hauteur de leurs ambitions.


En République démocratique du Congo, vaste pays de quelque 100 millions d'habitants, on estime à environ 60% la proportion des moins de 20 ans.

Le gouvernement du président sortant, Félix Tshisekedi, candidat à un second mandat aux élections du 20 décembre, promet de faire
"des millionnaires"
de certains d'entre eux, et les encourage à entreprendre et conquérir le monde.

Mais à la veille du scrutin, l'AFP a rencontré des jeunes qui demandent juste du travail et la paix, en appelant la vingtaine de prétendants à la magistrature suprême à mettre ces sujets en tête de leurs priorités.


Selon Valery Madianga, du Centre de recherche en finances publiques et développement local, près de 70% des jeunes Congolais sont sans emploi.

"J'ai envie de reprendre les études"
pour devenir ingénieur en électricité, confie Gédéon Okito, qui n'aurait jamais imaginé faire le taxi
"trois pneus"
dans la capitale, ce qu'il fait pourtant depuis cinq ans.

Raphaël Rubangiza voudrait lui aussi devenir un
"grand ingénieur"
et
"être utile à la société"
.

Natif de Bukavu, dans l'est de la RDC, il a rejoint Kinshasa et étudie à l'Institut national du bâtiment et des travaux publics (INBTP). À 18 ans, il va voter pour la première fois.

Voter
"utile"
, souligne le jeune homme, c'est-à-dire pour des
"personnes compétentes"
, pour mettre les gens
"qu'il faut à la place qu'il faut"
. Ensuite,
"on aura des opportunités, on aura des emplois"
, explique-t-il à la sortie d'une session d'examen.

Car pour l'instant, Raphaël ne se fait guère d'illusions. Il sait que des jeunes qui ont fait de grandes études
"se retrouvent à vendre des crédits téléphoniques ou à travailler pour des sociétés de gardiennage"
, faute d'emploi à la mesure de leur qualification.

Des milliers de jeunes finissant leurs études chaque année se retrouvent dans une impasse, les débouchés étant très limités dans le secteur public comme dans les entreprises privées.

C'est le cas de Prisca Musangi qui, après des études de droit à Kinshasa, est sans travail.
"Nous voulons, nous les jeunes diplômés, intégrer et faire une carrière dans les institutions publiques sans avoir à être recommandés"
par d'influentes connaissances, explique la jeune femme de 27 ans.

Tout en suivant ses études, Raphaël dit d'ailleurs travailler sur sa deuxième passion: le football. C'est pourquoi il s'est inscrit dans une académie de foot à Kinshasa, en espérant être recruté par un club européen. En fonction de ses résultats, il choisira entre le BTP et le foot. Mais pour le moment, il met toutes les chances de son côté en
"combinant les deux".

"Je serai très exigeant envers le président qui sera élu"
, assure Alfred Bopando, 29 ans, entrepreneur dans les communications et finances.
"On ne peut plus tolérer les promesses"
, ajoute le jeune chef d'entreprise, rencontré dans ses bureaux de Kinshasa.

M. Bopando veut que le prochain président
"donne du travail aux jeunes, construise le pays, fasse les choses avec transparence, mette fin à la guerre".

Candidat à la présidentielle, Floribert Anzuluni comprend que les Congolais ne se contentent plus de promesses.
"Pour créer de l'emploi, il faut créer des entreprises"
, estime M. Anzuluni qui, à 40 ans, est l'un des plus jeunes candidats à l'élection.

Béni Mingi, 25 ans, est agent au service courrier de la
"Direction générale des recettes"
du Kwilu (ouest). Il a donc un travail mais espère néanmoins un changement radical, avec des
"nouveaux dirigeants"
. Parce que, juge-t-il,
"ceux à qui on avait donné le pouvoir n'ont rien fait".
Il ajoute:

Sur le plan de la sécurité, toujours des guerres. Aujourd'hui, le taux du chômage est très élevé. Les jeunes ne travaillent pas.

En plus de créer des emplois, nous voulons des
"autorités qui mettront fin à l'insécurité dans l'est"
et dans les autres régions en proie à des conflits, demande elle aussi Ruth Mbelu, 28 ans, diplômée en droit et sans emploi dans sa ville de Bandundu (ouest).

Infesté par des groupes armés, l'est de la RDC est déchiré par des violences depuis trois décennies. Loin de s'améliorer, la situation s'est détériorée depuis deux ans, avec la résurgence d'une rébellion, le M23, dans le Nord-Kivu.

Pour Brave Kafumbiri, étudiant de 25 ans à l'université de Goma, chef-lieu de la province, les futurs dirigeants doivent
"d'abord étouffer toutes ces tentatives"
de déstabilisation,
"en finir avec le M23, militairement ou par voie diplomatique"
.

De jeunes entrepreneurs réunis récemment à Goma ont aussi souligné qu'il fallait offrir aux jeunes des perspectives d'avenir, autres que celle de prendre les armes.


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