"Je n'aurais pas pu faire autrement, il fallait que je revienne"
, a déclaré, à l'issue du vote, celui qui fut premier ministre entre 2007 et 2014, avant de devenir président du Conseil européen.
"Le 15 octobre (jour des élections), les Polonais se sont réveillés et ont décidé de vous écarter du pouvoir"
, a-t-il déclaré en faisant référence à Jaroslaw Kaczynski, chef du parti Droit et Justice (PiS) et du gouvernement sortant, qui dirigeait le pays depuis 2015.
"Merci à tous les Polonais. C'est un grand jour, non pas pour moi, mais pour ceux qui ont cru que les choses s'amélioreraient, allant même jusqu'à chanter que 'nous chasserons les ténèbres et le mal'"
, a déclaré Tusk.
"Je suis redevable à ceux qui ont fait confiance à ce nouvel espoir polonais, parce qu'ils croient profondément en nous et en la Pologne, qu'ils nous ont accordé un crédit mesuré et qu'ils ont décidé d'opérer ce changement historique"
, a-t-il ajouté.
Le nouveau premier ministre a également dédié sa victoire à
"tous les Polonais offensés, amers et insultés par huit années de politique de mépris. Je suis très fier de vous, de tous ceux qui ont eu peur, mais qui ne l'ont pas complètement été. Peut-être que cette victoire est due aux plus faibles".
Nous allons tout redresser ensemble, nous serons capables de remédier aux torts dès demain, afin que tous les citoyens polonais se sentent chez eux.
Le premier ministre sortant, Mateusz Morawiecki, a perdu, lundi, un vote de confiance sur son gouvernement à la chambre basse du parlement (Diète ou Sejm), par 266 voix contre 190. Si le premier ministre désigné par le président n'obtient pas la majorité absolue des voix, la Constitution prévoit que la nomination du gouvernement est confiée à la Diète. Un minimum de 46 députés peut désigner un candidat au poste de premier ministre.
Donald Tusk était le candidat de la Coalition civique (KO), du Parti populaire (PSL), de Poland 2050 et de la Gauche.
Le 10 novembre, les chefs de ces partis ont signé un accord de coalition. Ces formations disposent d'une majorité de 248 voix contre 191 pour le groupe Droit et Justice (PiS). La nomination de Tusk met fin à huit années de règne du PiS.
Le Parlement vote sur le gouvernement pro-européen de Tusk
Les députés polonais se prononcent mardi sur le nouveau gouvernement pro-européen de Donald Tusk, pratiquement assuré de recueillir suffisamment de soutien lors d'un vote qui mettra fin à huit années de règne des populistes de droite.
Mardi matin, M. Tusk doit prononcer son discours de politique générale et présenter son gouvernement, avant que la Diète, la chambre basse du Parlement contrôlée par son alliance multipartite, ne procède au vote de confiance dans l'après-midi.
Sauf grande surprise, M. Tusk devrait prêter serment mercredi matin, ce qui lui permettrait de se rendre à Bruxelles comme chef de gouvernement pour le sommet européen prévu jeudi et vendredi.
Lors de la campagne électorale, cet ancien président du Conseil européen s'est fait fort de débloquer des milliards d'euros d'aide européenne, gelés en raison de tensions de longue date entre Bruxelles et le gouvernement sortant.
Il a également déclaré qu'il rétablirait la crédibilité de la Pologne au sein de l'UE et qu'il lui donnerait une voix importante dans le contexte de la guerre en cours dans l'Ukraine voisine.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, ont chacun félicité M. Tusk pour son élection.
Même si la coalition de forces pro-européennes a remporté les législatives du 15 octobre, c'est au pouvoir nationaliste sortant que le président Andrzej Duda, son allié, a d'abord confié la tâche de constituer un gouvernement, offrant ainsi au camp nationaliste populiste deux mois au pouvoir supplémentaire.
"Je suis content que la Pologne retrouve le chemin du développement"
, s'est félicité après le vote le leader historique de Solidarité et ancien président polonais Lech Walesa qui a assisté au débat parlementaire.
De son côté, le chef du PiS Jaroslaw Kaczynski a dénoncé
et clamé
"la fin de la démocratie"
en Pologne, accusant une nouvelle fois M. Tusk d'être
Les attentes sont énormes envers ce futur gouvernement pro-européen, mais les nationalistes populistes resteront une opposition puissante et continueront à contrôler plusieurs institutions d'État.
Les analystes parlent d'
tissée par le PiS autour de l'État, d'autant plus solide que le mandat présidentiel de M. Duda ne s'achève qu'en 2025 et qu'il peut à tout moment opposer son veto à des lois adoptées par le Parlement.
Le PiS a profité des deux mois de pouvoir supplémentaires qui lui ont été offerts en cadeau par le chef de l'État pour nommer ses représentants à la tête de différentes institutions, avec des mandats souvent irrévocables, des procureurs au parquet national et environ 150 nouveaux juges, choisis par un organe critiqué par Bruxelles pour sa dépendance envers les populistes nationalistes.
Les réformes controversées du système judiciaire introduites par les nationalistes ont poussé Bruxelles à bloquer des milliards d'euros de fonds destinés à Varsovie.