La famille rassemblée dans ce jardin d'un quartier déshérité d'une petite ville sud-africaine, près de Pretoria, est en deuil: un proche, parmi les 15 victimes de l'épidémie comptabilisées dans le pays, est mort du choléra mais aussi du manque de soins.
L'Afrique du Sud a enregistré son premier décès dû à la maladie en février. Le Mozambique et le Malawi voisins sont les pays du monde les plus gravement touchés cette année par le fléau, selon les Nations unies.
Le choléra, généralement causé par l'absorption d'aliments ou d'eau contaminés par une bactérie, est en forte recrudescence sur le continent depuis 2021 et un milliard de personnes dans 43 pays sont à risque, a alerté cette semaine l'ONU.
À Hammanskraal, à environ 50 km au nord de la capitale, Kagiso Sadika, 37 ans, raconte ne pas boire l'eau du robinet, non potable, d'aussi loin qu'il se souvienne. Le mort que l'on veille est son cousin.
Ce dernier a souffert de diarrhées et de vomissements continus, raconte Kagiso Sadika. Il s'est rapidement affaibli, poursuit-il, n'ayant plus la force de marcher, se laver ou même dormir. Il est mort en une semaine.
Conduit à l'hôpital le plus proche, l'hôpital Jubilee, Michael Sadika n'a pas été pris en charge: pas assez de lit, manque de personnel. Transporté une seconde fois, il est finalement mort aux urgences, à 53 ans.
"Que deux mains"
La municipalité de Pretoria, dont dépend Hammanskraal, a exhorté les habitants à ne pas boire l'eau du robinet, promettant l'arrivée de camions-citernes. Mais selon les habitants, les passages ne se font qu'une ou deux fois par semaine.
Un bébé accroché dans le dos et un seau à la main, elle ne croit pas qu'elle aura un jour de l'eau courante et potable dans sa baraque en tôle.
Ils sont nombreux ici à passer leurs après-midi assis devant leur maison. Le chômage est endémique dans le pays d'Afrique australe et frôle les 35%. Et derrière les minces clôtures de fil barbelé protégeant les modestes propriétés, la colère enfle.
L'épidémie mortelle est due au dysfonctionnement du traitement des eaux usées, à un manque d'infrastructures et à la corruption des élus locaux, dénoncent des habitants.
Le ministère de l'Eau et de l'Assainissement a annoncé l'ouverture d'une enquête sur les problèmes d'eau à Hammanskraal.
Avec la crise de l'eau, certains commerces se sont lancés dans la vente d'eau purifiée. Mais beaucoup ne peuvent pas s'offrir les précieuses bouteilles.