Depuis le début de son troisième mandat en janvier, Luiz Inacio Lula da Silva a déjà pris part à 33 rencontres avec des dirigeants étrangers.
Soit, selon un décompte du journal O Globo, une de plus que son prédécesseur d'extrême droite et isolationniste assumé Jair Bolsonaro en quatre ans.
Et la liste va s'allonger avec d'autres rencontres au sommet prévues cette semaine, avec son homologue français Emmanuel Macron à Paris, et le pape François au Vatican.
"Le simple fait que Lula ne soit pas Bolsonaro lui a attiré une bonne volonté considérable"
de la part de la communauté internationale, a écrit récemment le spécialiste Oliver Stuenkel, dans un article sur le site Brazilian Report.
De nombreux dirigeants ont fait le déplacement à Brasilia pour rencontrer Lula dès le premier semestre de son mandat.
Plusieurs pays, dont les Etats-Unis, l'Allemagne ou le Royaume-Uni, se sont engagés à contribuer au Fonds Amazonie, voué à la préservation de la plus grande forêt tropicale de la planète, qui avait été gelé sous Bolsonaro.
Fin mai, le président brésilien a annoncé que la conférence des Nations unies sur le climat COP30 aurait lieu à Belem, dans l'Amazonie brésilienne, en 2025.
, a-t-il dit.
Médiation du conflit en Ukraine
Lula a dit à maintes reprises que le Brésil était
sur la scène internationale, mais ce retour a aussi été marqué par des controverses.
Le Brésil s'est refusé à fournir des armes à l'Ukraine ou à imposer des sanctions contre la Russie de Vladimir Poutine, et son idée de former un
de pays neutres médiateurs du conflit a été accueillie fraîchement.
Lors d'un voyage en Chine, Lula a déclaré que les Etats-Unis devaient cesser d
. En retour, Washington l'a accusé de se
"faire l'écho de la propagande russe et chinoise".
Une rencontre entre Lula et le président ukrainien Volodymyr Zelensky était prévue le mois dernier, lors du sommet du G7 au Japon, mais elle n'a finalement pas eu lieu, officiellement pour des problèmes d'incompatibilité d'agenda.
Selon l'ancien diplomate Paulo Roberto de Almeida, cette posture vis-à-vis du conflit ukrainien est dans la droite ligne de
"l'anti-américanisme habituel du Parti des Travailleurs"
de Lula, dont les deux premiers mandats présidentiels ont eu lieu de 2003 à 2010.
Mais elle est surtout due
"à l'alliance avec de grandes autocraties"
comme la Russie ou la Chine, qui sont comme le Brésil membres du groupe des Brics, avec l'Inde et l'Afrique du Sud.
Grand écart Pékin-Washington
Lula doit jouer les équilibristes, sur un échiquier mondial marqué par les différends entre Pékin et Washington.
La Chine est le premier partenaire commercial du Brésil, mais les Etats-Unis sont un allié essentiel du président brésilien dans son combat pour la défense de la démocratie et de l'environnement.
Il n'a pas manqué de se rendre dans les deux pays dès les premiers mois de son mandat.
Mais le voyage à Washington, en février, s'est limité à une rencontre avec Joe Biden, sans annonce concrète, tandis que de nombreux accords de coopération économiques ont été signés en avril à Pékin.
Autre dossier qui tient à coeur au président Lula: le renforcement des liens entre pays sud-américains, marqués par des différends idéologiques ces dernières années.
Mais le sommet entre chefs d'Etat de la région organisé fin mai à Brasilia a pratiquement eu l'effet inverse, en raison de propos controversés de l'icône de la gauche brésilienne sur le Venezuela.
Lula a qualifié les accusations d'autoritarisme qui pèsent sur son homologue socialiste vénézuélien Nicolas Maduro, accueilli en grande pompe dans la capitale brésilienne la veille du sommet, comme relevant de la
.
Ces propos lui ont valu des critiques du président uruguayen Luis Lacalle Pou (centre-droit), mais aussi de celui du Chili Gabriel Boric (gauche).
"Avec ces déclarations, Lula a torpillé toute chance de succès du sommet"
, le premier de ce type en près de dix ans, fustige Paulo Roberto de Almeida.
Pedro Brites, professeur de relations internationales à la Fondation Getulio Vargas, estime pour sa part qu'un
"ton plus critique envers Maduro mettrait fin au dialogue"
avec le Venezuela, qui était totalement rompu sous Bolsonaro.