
Au-delà de l’occupation des territoires et de l’accaparement de leurs ressources premières, le colonialisme français s’est dédoublé d’une vaste opération de spoliation des œuvres historiques et culturelles à la signification particulière chez les autochtones.
Ils se comptent par centaines de milliers les objets et biens culturels soustraits d’Afrique par la France durant l’époque coloniale et meublant encore aujourd’hui des institutions muséales et collections privées dans ce pays.
Sarr qui s’était exprimé en marge de la remise symbolique de l’épée d’El Hadj Oumar Foutiyou à l’état du Sénégal a indiqué qu’autour de 80 à 85% du patrimoine culturel matériel africain se trouvent en Europe occidentale.
A la faveur de conquêtes militaires, les Français ont sapé toute volonté de résistance à leur œuvre d’accaparement.
Au Sénégal par exemple, les résistants Lat Dior Diop, Alboury Ndiaye, Mamadou Lamine Dramé ou encore El Hadj Oumar Foutiyou Tall ont fait face et sont tombés face à l’armée française. Samory Touré et Kissi Kaba Keita en Guinée… Partout ailleurs où ils sont passés, il en était de même pour les autochtones balayés par la force des armes.
Des échanges épistolaires de Louis Faidherbe, ancien gouverneur de l’Afrique occidentale française (AOF) témoignent de la cruauté des méthodes utilisées par l’armée coloniale française dans l’entreprise d’aliénation.
Les pillages et destructions allant avec ont, toutefois, épargné les créations artistiques et cultuelles que les conquérants ont transféré dans leur pays comme butin de guerre.
C’est ainsi que se sont retrouvés dans les musées français des restes humains et objets culturels en provenance d’Afrique. Aucun des territoires conquis n’a été épargné dans cette œuvre d’expropriation à grande échelle ayant vidé des sociétés entières de leur essence.
La France s’était engagée par la voix du président Emmanuel Macron à une opération d’envergure de restitution des biens culturels subtilisés d’Afrique pendant la période coloniale.
Vingt-six objets royaux pillés en 1892 par les troupes françaises et exposés au musée Quai Branly (France) ont officiellement été restitués au Bénin en novembre 2021.
Le sabre du légendaire résistant El Hadj Oumar Foutiyou Tall a quitté en novembre 2019 le musée de l’Armée à Paris pour le musée des civilisations de Dakar sous forme de prêt à longue durée.
Ce sont jusque-là les quelques opérations de restitutions officielles opérées par la France.
Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, entre 80 et 90% des objets d’art historique africain se trouvent actuellement dans des musées à l’étranger.
Faisant un inventaire non exhaustif de la situation pour la France, le site arte.tv a relevé 6910 objets à restituer au Mali, 3157 au Bénin, 9296 pour le Tchad et 7781 à Madagascar.
Avant que ne se soit prononcé le président Macron sur la question, les Etats africains et intellectuels du continent avaient déjà porté la revendication dès l’accession à la souveraineté internationale des Etats africains.
L’ancien président du Zaïre (actuel RD Congo) le Général Mobutu avait donné de la voix en ce sens à la tribune de l’ONU en 1973; une demande ayant fait écho favorable.
Une résolution dénommée ‘’Restitution d’œuvres d’art à des pays victimes’’, avait été adoptée par l’ONU.
Dans la foulée, le directeur général de l’Unesco d’alors, le Sénégalais Amadou Makhtar Mbow, mettait sur pied, en 1978, le Comité intergouvernemental pour la promotion du retour des biens culturels à leur pays d’origine ou de leur restitution en cas d’appropriation illégale.
Les initiatives doivent venir des pays concernés pour que la restitution soit effective pour les centaines de milliers de pièces décorant les musées de France.
Le travail en aval devant se matérialiser, entre autres, par la construction de musées adéquats en Afrique suit, pour l’heure, son cours dans plusieurs pays en attendant plus de diligence de la part de la France et des autres pays pour que les œuvres subtilisés durant cette sombre période reviennent à la terre des concepteurs et réels propriétaires.
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