Les remarques du président français Emmanuel Macron après sa visite en Chine, où il a été accueilli par des cérémonies d’État, selon lesquelles l’Europe devrait réduire sa dépendance vis-à-vis des États-Unis et qu’elle ne devrait pas prendre parti dans un conflit entre la Chine et les États-Unis au sujet de Taïwan ont suscité des réactions à Washington. La déclaration de Macron selon laquelle l’Europe doit acquérir une "autonomie stratégique" et que le plus grand risque pour la construire serait
Il est clair que la référence fréquente de la Chine au concept d’autonomie stratégique européenne est une tentative de créer une fissure au sein de l’alliance transatlantique. La Chine, qui donne passivement à la Russie le soutien qu’elle veut sur l’Ukraine, tente d’isoler les États-Unis, en particulier à Taïwan, en attirant à ses côtés ceux qui pensent comme Macron en Europe. D’autre part, la déclaration de Washington selon laquelle la capacité de l’Europe à se défendre devrait être accrue d’une part, et son malaise avec les paroles de Macron d’autre part, indiquent qu’il n’y a pas de consensus sur ce que devrait être la grande stratégie de l’alliance occidentale. Bien que les propos de Macron sur l’autonomie stratégique de l’Europe ou la création d’une armée sans emmener avec lui le fleuron de l’Europe, l’Allemagne, restent sans suite, il est possible de dire que les États-Unis n’ont pas pleinement convaincu l’Europe sur la Chine.
L’administration Biden estime que l’alliance occidentale, avec ses alliés en Asie, représente 60% du commerce mondial, et donc renforcer cette alliance est la seule solution pour combattre la Chine. Cependant, il est difficile de dire que cette approche trouve pleinement écho en Europe, car ni la France ni l’Allemagne ne veulent affronter la Chine et évoluer vers une nouvelle guerre froide. Après avoir été élu président, Biden a eu plus de mal à convaincre l’Europe sur le dossier Huawei qu’il ne le pensait. L’administration Biden, qui a eu du mal à convaincre ses alliés européens d’isoler la Russie après la tentative d’invasion de l’Ukraine, surtout au début, a réussi à intimider la Chine sur Taïwan en soutenant l’Ukraine. Néanmoins, la poursuite prudente par la Chine de ses relations avec la Russie et même le fait qu’elle ait atteint le stade de la fourniture d’armes indique que les choses ne se passent pas tout à fait comme Washington le souhaite.
Bien que l’administration Biden tente d’apaiser Macron en incluant la France dans l’accord AUKUS, qui traverse une grave crise en raison de la signature de cet accord avec l’Australie et le Royaume-Uni, il est clair qu’il n’y a pas d’unité en Occident sur la grande stratégie. Le fait que le dirigeant français, relativement à la traîne dans le soutien à l’Ukraine, ait mis en avant une performance qui plairait à Pékin lors de sa visite en Chine indique que les relations transatlantiques sont plus faibles que prévues. Il semble que Macron et les Européens partageant les mêmes idées, et ne veulent pas sacrifier les relations économiques à la question de Taiwan. Il n’est pas facile pour l’administration Biden de dissuader ses alliés qui veulent continuer à faire des affaires avec la Chine, et il est certain que ceci jouera un rôle important dans une éventuelle intervention militaire à Taïwan. Dans ce cas, il sera très difficile pour Washington de traiter avec la Chine sans le soutien total de l’Europe.