Essais cliniques: l'IA pour redonner une chance aux patients

06:5518/03/2025, mardi
AFP
Faute de patients, le développement d’un médicament est ralenti, voire bloqué si les études ne peuvent être menées. Selon l’Association française des entreprises du médicament (Leem), 85 % des essais cliniques souffrent de retards d’inclusion de patients.
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Faute de patients, le développement d’un médicament est ralenti, voire bloqué si les études ne peuvent être menées. Selon l’Association française des entreprises du médicament (Leem), 85 % des essais cliniques souffrent de retards d’inclusion de patients.

Identifier le bon patient au bon moment, pour le bon essai clinique : l’intelligence artificielle facilite le recrutement de participants aux études évaluant les nouveaux médicaments, un maillon faible de la recherche clinique.

"Les traitements en oncologie évoluent très vite. Le fait de participer à un essai clinique, c'est une potentielle chance de bénéficier d'un traitement qui ne sera disponible sur le marché que dans plusieurs années", explique à la presse Arnaud Bayle, oncologue médical à l’Institut Gustave Roussy, près de Paris, et cofondateur de la start-up Klineo, qui favorise l’accès aux essais cliniques.

Faute de patients, le développement d’un médicament est ralenti, voire bloqué si les études ne peuvent être menées. Selon l’Association française des entreprises du médicament (Leem), 85 % des essais cliniques souffrent de retards d’inclusion de patients.

Pour surmonter cet obstacle coûteux, de grands laboratoires pharmaceutiques signent des partenariats avec des start-up utilisant l’IA pour orienter les patients vers les essais adaptés à leur profil. Les françaises Klineo et PatLynk exploitent diverses bases de données officielles recensant les essais cliniques. Les algorithmes d’IA nettoient, structurent et croisent ces informations mises à jour automatiquement afin de proposer aux patients les essais les plus pertinents.


Un outil de "matching"


Habituellement, un patient ne peut intégrer un essai clinique que si celui-ci est ouvert dans l’hôpital qui le suit, souvent situé en grande ville. L’IA permet de démocratiser l’accès aux essais, indépendamment du lieu de résidence, et d’améliorer la représentation de la diversité dans ces études.

Au lieu de partir d’une étude pour rechercher un patient, "on part d’un patient pour aller trouver facilement l’étude qui lui convient", décrypte Elise Khaleghy, fondatrice de PatLynk.

"C’est fondamentalement un outil de +matching+ basé sur la pathologie, l’âge et la localisation du patient", résume-t-elle. L’IA génère automatiquement des questions en fonction des critères d’inclusion et d’exclusion des essais cliniques dans le monde. Elle contribue aussi à traduire le texte scientifique, dont l’anglais est la langue de référence, pour le rendre "plus intelligible pour les patients".

La plateforme, accessible gratuitement aux patients et médecins dès fin mars, cible pour l’instant une dizaine de pathologies, dont Alzheimer, Parkinson, le cancer du sein, l’endométriose et le syndrome des ovaires polykystiques.

L’inclusion des biomarqueurs


Klineo, spécialisée en cancérologie, permet aux patients et médecins de "trouver en quelques minutes un essai clinique classé par pertinence et proximité géographique", intégrant les comptes rendus médicaux, précise Arnaud Bayle. Avec "une visibilité complète de tous les essais en France", le praticien peut adresser une seule demande à plusieurs centres, simplifiant un processus habituellement fastidieux et chronophage. Dès qu’un nouvel essai s’ouvre pour un patient, "celui-ci est notifié automatiquement".

L’outil, qui devrait s’étendre à d’autres pays européens, élargit le recrutement en oncologie. Le laboratoire français Servier teste actuellement la solution Klineo, en complément de partenariats avec Tempus aux États-Unis et Omico en Australie.


"L’identification de patients est particulièrement complexe en cancérologie, surtout lorsque les études incluent des critères comme la présence d’une mutation génétique ou d’un biomarqueur spécifique", souligne le laboratoire américain Amgen. Ce dernier soutient le projet AIIPIK, qui utilise un logiciel d’IA ayant identifié 23 patients contre six manuellement pour une étude clinique en oncologie.


Le logiciel analyse les comptes rendus d’hospitalisation, de consultation, d’imagerie médicale et les biomarqueurs, de plus en plus utilisés en cancérologie.


"La méthode traditionnelle de recrutement dans les hôpitaux restera en place", assure Elise Khaleghy. "Là où nous intervenons, c’est pour aller chercher les patients qui n’auraient pas été identifiés autrement."

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