Tunisie: Le gouvernement doit décréter l’état d’urgence hydrique, déclare l’Utap

10:4917/03/2023, vendredi
MAJ: 17/03/2023, vendredi
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Crédit Photo: ALI ABBES / AFP
Crédit Photo: ALI ABBES / AFP

L'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap) a tiré, mercredi, la sonnette d’alarme concernant la situation hydrique de la Tunisie.

"Le gouvernement doit décréter l'état d'urgence hydrique en Tunisie"
, a déclaré mercredi, Hamadi Boubakri, membre du bureau exécutif de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap), chargé des ressources hydrauliques et du développement durable.

Lors d'une conférence nationale sur les changements climatiques, les ressources hydriques et la sécurité alimentaire tenue au siège de l'organisation agricole, Boubakri a fait savoir que
"le taux de remplissage des barrages ne dépasse pas les 30% de leur capacité"
, soulignant que le stress hydrique a impacté de manière considérable les grandes cultures et les fourrages, rapporte la TAP.

Selon lui, 50% des superficies emblavées ont été perdues en raison du manque de précipitations.

Le membre du bureau exécutif de l'Utap, a indiqué en ce sens que le gouvernement tunisien prévoit de procéder au dessalement de 650 millions de mètres cubes d'eau de mer et de recycler plus de 350 millions de mètres cubes d'eaux usées, pour les utiliser dans le secteur agricole.


Boubakri, a mis l'accent sur la nécessité d'accélérer la mise en place de stations de dessalement de l'eau de mer, afin d'alléger la pression sur les ressources hydrauliques conventionnelles ainsi que sur les eaux souterraines et de réorienter l'eau potable vers l'irrigation. L'objectif étant de garantir la sécurité alimentaire et partant, la souveraineté nationale.


Il a, en outre, relevé que la vétusté des réseaux de distribution de l'eau potable et d'irrigation est à l'origine de la perte de près de 50% de l'eau d'irrigation dans plusieurs régions et de 30% de l'eau potable.


Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef), 2,2 milliards de personnes n’ont pas accès à une eau salubre, tandis que 600 millions d’enfants vivront dans des zones de stress hydrique d’ici 2040, si des mesures ne sont pas prises immédiatement.

Les changements climatiques provoquent la destruction, l’assèchement et la contamination de sources d’eau, ajoute l’agence des Nations Unies.


L’ONG internationale Greenpeace, avait alerté en novembre dernier contre un
"risque très élevé"
de pénurie d’eau et de nourriture dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA).

Les conséquences du réchauffement climatique, selon la même source, pourraient être durement ressenties par les populations de cette région. Greenpeace avait cité les résultats d’une étude publiée menée par plusieurs chercheurs et publiée en septembre dernier, portant sur le climat, l’agriculture et des ressources en eau dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord.


L'étude en question a concerné quatre pays d'Afrique du Nord, en l'occurrence le Maroc, l'Algérie, la Tunisie et l'Égypte, ainsi que des pays du Moyen-Orient, dont le Liban et les Émirats arabes unis. Ces pays et bien d'autres, avertit l'ONG, seront confrontés à un risque
"très élevé"
de pénurie de nourriture et d’eau.

L’étude se réfère notamment au rythme du réchauffement dans la région qui est plus élevé que dans le reste de la planète depuis 1980. Le phénomène évolue, selon la même source, à un rythme de 0,4 degré Celsius par décennie. Ce qui représente le double de la moyenne mondiale en matière de réchauffement climatique. Elle prévoit même des températures infernales dans certaines régions, jusqu’à 56 degrés Celsius.


Ces dernières années, rappelons-le, la région de l’Afrique du Nord fait face à une baisse sensible de la pluviométrie et à des étés très chauds et trop longs. En Algérie, par exemple, les barrages se sont retrouvés à sec durant l'année 2021, obligeant les autorités à rationner la distribution de l'eau.


Selon les auteurs de ladite étude, les 400 millions d’habitants du monde arabe risquent de connaître une situation difficile faite de températures extrêmes et de pénurie d’eau et de nourriture.


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