Enfin le dénouement? Le président français Emmanuel Macron a repoussé à vendredi matin le moment de désigner un Premier ministre, laissant prospérer rumeurs et spéculations sur fond de paysage politique fracturé.
Le président du Modem, le centriste François Bayrou, un des choix possibles du président Macron pour Matignon, sera reçu vendredi à 08H30 locales à l'Elysée, a-t-on appris vendredi de sources proches des consultations.
Le dirigeant centriste a vu son nom - parmi d'autres - être cité avec insistance depuis le début de la semaine. Il incarne au moins autant qu'Emmanuel Macron le dépassement du clivage gauche-droite qu'il est le premier à avoir théorisé, autant qu'il a promu la culture du compromis.
Emmanuel Macron avait à la surprise générale dissous la chambre basse du Parlement en juin, après la déroute de son camp aux élections européennes face à l'extrême droite. Les législatives anticipées ont abouti à une Assemblée nationale sans majorité absolue et fragmentée en trois blocs: alliance de gauche, macronistes et droite, extrême droite.
Issu de la droite, le Premier ministre et ancien commissaire européen Michel Barnier, en fonction depuis seulement trois mois, a été contraint la semaine dernière de démissionner, après un vote de censure historique.
L'un d'eux reconnaissait tard jeudi soir ne pas être fixé sur les choix du président, dont la cote de confiance atteint seulement 21% selon un sondage Elabe.
"Dans la nasse"
Jeudi, c'est le nom de Roland Lescure, ex-ministre de l'Industrie et macroniste de la première heure qui a fait irruption dans le débat. A 58 ans, le député social-libéral pourrait devenir un super-animateur à la tête d'un gouvernement de poids-lourds, à ce titre plus difficile à censurer.
Plusieurs députés du Rassemblement national (extrême droite) ont marqué successivement sur X leur hostilité à sa nomination.
L'équation politique reste infiniment complexe malgré le mouvement opéré par le parti socialiste (PS, gauche). Le prochain chef du gouvernement devra créer les conditions de sa survie politique afin de ne pas subir le sort de Michel Barnier, renversé par une censure inédite depuis 1962, qui laisse la France sans budget pour 2025.
A gauche, le premier secrétaire du PS Olivier Faure, comme la cheffe des Ecologistes Marine Tondelier, ont proposé une formule: le renoncement à l'article 49.3 de la Constitution, qui permet au gouvernement de faire passer des textes en force au Parlement, si un Premier ministre de gauche était nommé. En contrepartie, une majorité de députés s'engagerait à ne pas le censurer.
Cette formule a relancé l'option Bernard Cazeneuve, l'ex-Premier ministre de l'ancien président socialiste François Hollande (2012-2017) et figure de la gauche modérée.
Emmanuel Macron semble réticent à se tourner vers la gauche. Dès lors, les noms de deux ministres passés de la droite à la macronie, celui des Armées Sébastien Lecornu et celle des Territoires Catherine Vautrin, ont également été cités. Ils s'exposeraient toutefois à un fort risque de censure si la gauche et le Rassemblement national s'alliaient pour la circonstance.
Il y a en tout cas urgence. La chute de Michel Barnier, renversé lors d'une censure inédite depuis 1962, laisse le pays sans budget pour 2025.
Un projet de loi spéciale pour éviter une paralysie de l'Etat démarre son parcours parlementaire express qui devrait rapidement permettre son adoption.