Séismes en Türkiye: Un média franco-turc au service de la solidarité

15:3623/02/2023, Perşembe
MAJ: 23/02/2023, Perşembe
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Le directeur de Cesur Media et fondateur de Radio Kardeche, Bahri Cesur. Crédit photo: AA
Le directeur de Cesur Media et fondateur de Radio Kardeche, Bahri Cesur. Crédit photo: AA

Lundi 6 février, la Türkiye était frappée par deux séismes de grande magnitude, affectant plus de 13 millions de personnes dans 11 provinces du sud et du sud-est du pays, ainsi que le nord de la Syrie.

Anadolu a interrogé Bahri Cesur, directeur de Cesur Media et fondateur de Radio Kardeche, ainsi que de Kardeche TV, deux stations Internet basées en Île-de-France, pour s'informer sur l'élan de solidarité engagé par les Franco-Turcs, mais aussi l'ensemble de la France.


La terrible nouvelle


Interrogé par Anadolu (AA), Bahri Cesur déclare avoir appris la nouvelle des séismes en Türkiye par le biais de l'alerte envoyée par Ahmet Öz, le président de l'Association internationale des journalistes, dont il est le représentant à Paris.


Choqué par la tragédie et les photos de la destruction causée par le premier séisme, Bahri essaie de récolter autant d'information que possible dans les médias français, mais faute de trouver assez de précisions, il consulte Anadolu et comprend que la Türkiye fait face à une catastrophe de grande ampleur et que le bilan provisoire de 150 décès risque d'augmenter considérablement.


En même temps, le directeur de Radio Kardeche commence à recevoir des messages de ses collègues ainsi que d'auditeurs, faisant état de leur désolation et s'interrogeant sur ce qu'ils pourraient faire pour aider les victimes de cette catastrophe.


"Et là, la première décision que je prends est d'établir qu'il y a une catastrophe, que c'est grave, et qu'on ne peut pas, nous, en tant que Radio TV Kardeche, s'amuser, donc je décide immédiatement d'arrêter tout ce qui concerne nos émissions de distraction et de divertissement",
nous explique Bahri.

Il prend ainsi la décision, pour la première fois au sein de son groupe médiatique, de mettre en place une émission d'information, entièrement dédiée aux conséquences du séisme en Türkiye et en Syrie, notamment
"pour servir de pont entre la Turquie et la France"
.

Bahri indique qu'il a reçu un grand nombre d'appels d'amis en France ou de proches de victimes qui venaient aux nouvelles sur l'impact du tremblement de terre ou de leurs proches qu'ils n'arrivaient pas à joindre.


Radio TV Kardeche se met au travail


Au micro d'Anadolu, Bahri exprime sa gratitude à son équipe d'animateurs, au sein du groupe médiatique, qui se sont portés volontaires pour mettre en place la nouvelle émission, notamment à Sertif Dolunay, animateur de l'émission sportive de Radio Kardeche.


"Radio TV Kardeche se devait d'être présente, d'être là et donc on a assuré tous les jours, des émissions, tantôt en turc, tantôt en français pour informer les gens"
, confie Bahri à AA. Interrogé sur les contacts établis par ses médias, Bahri indique que des auditeurs et amis se trouvant dans différents pays, ont pris liaison avec lui, notamment Isa, un jeune franco-turc parti deux mois plus tôt en Türkiye, et plus précisément à Hatay, une région fortement touchée par les deux séismes.

Ainsi, le jour du séisme, Bahri invite Isa à participer à l'émission du soir pour témoigner de ce qu'il a vécu, notamment lorsqu'il était coincé sous les décombres et comment il a réussi à s'en sortir indemne. Isa a également rapporté les moments difficiles qu'il a vécus alors qu'il tentait de secourir d'autres victimes coincées sous les bâtiments détruits par le séisme.


"En essayant de les sauver, il s'est déchiré la jambe, avec une blessure d'environ 30 centimètres",
nous indique Bahri, saluant le dévouement du jeune homme.

Des témoignages bouleversants


Le directeur de Cesur Media précise, qu'en compagnie de son coanimateur pour cette émission spéciale, Sertif Dolunay, Radio TV Kardeche a établi des contacts dans toutes les villes du sud-est de la Türkiye, impactées par les séismes, notamment Hatay, Kahramanmaras, Adiyaman, Gaziantep, Malatya, Diyarbakir, mais aussi dans des villes plus éloignées de la zone d'impact, telles que Izmir, dans l'ouest du pays, où les personnes participant à l'émission rapportaient les élans de solidarité lancés où ils se trouvent.


"On a essayé de comprendre un peu ce que les gens ressentaient. Et on s'est rendu compte également que, concernant toutes les personnes avec qui on parlait, celles-ci avaient besoin de parler et d'expliquer, de dire ce qui se passait à l'extérieur et en même temps, on leur demandait si elles ont de la famille en France à qui elles voulaient adresser un message ou si elles avaient des besoins spécifiques auxquels on pouvait tenter de répondre",
se souvient Bahri.

"On entendait souvent des personnes, sur les réseaux sociaux ou dans les médias, qui affirmaient que personne ne leur avait porté secours. "On ne s'occupe pas de nous", alléguaient-ils. Mais les personnes avec qui on parlait nous disaient le contraire"
, témoigne le directeur de Radio TV Kardeche. Bahri garde aussi en mémoire des témoignages déchirants, notamment de Franco-Turcs résidant en région parisienne.

L'un des participants à l'émission, Metin, était en pleurs, alors qu'il relatait le décès de sept membres de sa famille, se souvient Bahri...
"C'est une désolation : quand le jour se lève et que tu vois que tous ces lieux de ton passé sont devenus des ruines ; ton école, ton terrain de foot, quand tes amis sont tous morts"
, déclarait Metin alors qu'il pleurait lors de l'émission transmise en direct. Bahri se souvient qu'il s'agissait d'un des moments les plus difficiles à vivre dans sa carrière médiatique.

Un élan de solidarité


Le directeur de Cesur Media se souvient également de l'élan de solidarité qui a traversé toute la Türkiye, mais également les Franco-Turcs. Qu'il s'agisse de repas chauds distribués dans les villes impactées par le séisme par des Franco-Turcs, de toute forme de besoins de première nécessité (vêtements, tentes, produits d'hygiène, couches pour bébés, etc.), l'ensemble de la communauté s'est mobilisée pour apporter de l'aide, notamment à travers les associations franco-turques suivis par Radio TV Kardeche.


Bahri et Sertif expriment également leur reconnaissance pour la mobilisation de la communauté internationale et des Français qui ont fait part de leur douleur et de solidarité, notamment à travers les associations mobilisées pour porter secours aux victimes ou pour acheminer des dons.


Ça fait chaud au cœur.

C'est ainsi que Bahri résume son émotion après avoir témoigné d'un mouvement de solidarité de grande ampleur.


"Merci à tout le monde. Tout le monde a été solidaire"
, conclut Bahri, soulignant que l'humanité s'est mobilisée sans considération ethnique, religieuse ou de nationalité. Pour rappel, plus de 43 000 personnes ont perdu la vie dans les séismes de magnitudes 7,7 et 7,6 qui ont frappé le sud-est de la Türkiye le 6 février courant.

Les séismes, dont les épicentres étaient situés dans la province de Kahramanmaras, ont affecté plus de 13 millions de personnes dans 11 provinces, dont Adana, Adiyaman, Diyarbakir, Gaziantep, Hatay, Kilis, Malatya, Osmaniye, Sanliurfa et Elazig.


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