Sur un versant boisé de la montagne libanaise, Assaad Al-Taqi participe chaque année à la cueillette des olives, imperturbable malgré le rugissement des avions de chasse et les colonnes de fumée à l'horizon, en pleine guerre entre l'armée israélienne et le Hezbollah.
À neuf kilomètres de là seulement, débute le secteur du Golan syrien occupé par Israël. Un peu plus loin dans le sud du Liban, les villages frontaliers sont quotidiennement visés par les bombardements israéliens.
Mais dans les oliveraies du village bucolique de Kfeir, aux côtés d'autres ouvriers et ouvrières agricoles, M. Al-Taqi, 51 ans, agite son bâton parmi les branches touffues des arbres pour faire tomber les olives sur une bâche en jute étalée au sol.
Les olives sont le meilleur des fruits. C'est l'arbre de la paix.
Pour déjeuner, le groupe s'installe à l'ombre des oliviers, plantés à 900 mètres d'altitude sur le flanc du mont Hermon, près du triangle des frontières libanaise, syrienne et israélienne, sur le Golan occupé.
"La guerre fait peur"
Le calme relatif a permis d'organiser la cueillette des olives. Ailleurs dans le sud, il n'y a plus personne pour s'occuper des champs, les habitants ayant déserté les villages cibles depuis fin septembre à cause des raids aériens et de l'agression au sol lancée par Israël.
La saison est généralement très attendue au Liban. Parfois, les citadins rentrent spécialement dans leurs campagnes pour y participer.
Avant la guerre, pour réparer les machines de son pressoir, il allait à Nabatiyé ou Saïda, grandes villes du sud. Impossible aujourd'hui: pour des réparations, il doit aller plus loin.
"Le mois des olives"
Dans un pays en plein effondrement économique depuis 2019, douze mois de conflit ont coûté au secteur agricole libanais des pertes de 1,1 milliard de dollars, selon une estimation de la Banque mondiale.
Au village de Kfeir, au détour d'une ruelle, l'odeur des olives fraîches émane de l'entrée d'une petite maison. Inaam Abou Rizk, 77 ans, les rince avec l'aide de son mari.
Nous aimons le mois des olives, nous sommes des paysans et la terre est notre travail.