Maurice: le Premier ministre sortant concède sa défaite aux législatives

16:2811/11/2024, lundi
AFP
Le Premier ministre mauricien et candidat du Mouvement socialiste militant (MSM) Pravind Jugnauth (C) vote lors des élections générales mauriciennes de 2024 dans un bureau de vote à Port Louis, le 10 novembre 2024.
Crédit Photo : Rishi ETWAROO / L'Express Maurice / AFP
Le Premier ministre mauricien et candidat du Mouvement socialiste militant (MSM) Pravind Jugnauth (C) vote lors des élections générales mauriciennes de 2024 dans un bureau de vote à Port Louis, le 10 novembre 2024.

Le Premier ministre mauricien sortant, Pravind Kumar Jugnauth, a admis lundi sa défaite lors des législatives, lesquelles ont suscité des interrogations sur la stabilité politique et économique de cette nation insulaire, l'une des démocraties les plus riches et stables d'Afrique.

Les résultats partiels disponibles à la mi-journée prévoient une victoire pour l'Alliance du changement, dirigée par Navin Ramgoolam, leader du Parti travailliste, âgé de 77 ans, et ancien Premier ministre.
"Nous nous dirigeons vers une défaite, et il apparaît clairement que l'Alliance Lepep (qu'il dirigeait pour les législatives) subit une lourde défaite dans son ensemble"
, a déclaré Pravind Kumar Jugnauth, 62 ans, à la presse.
"La population a choisi une autre équipe. Je lui souhaite bonne chance"
, a-t-il ajouté.

Le chef du gouvernement sortant s’était lancé dans la campagne en s'appuyant sur la conclusion d’un accord
"historique"
avec le Royaume-Uni début octobre, affirmant la souveraineté de Maurice sur l’archipel des Chagos, un succès politique majeur pour son gouvernement après des décennies de litige. Mais l’effet attendu de cet accord dans les urnes a été compromis après la diffusion en octobre d'extraits de conversations téléphoniques impliquant des personnalités politiques, membres de la société civile, diplomates et journalistes sur les réseaux sociaux.

En réaction, les autorités avaient annoncé le 1er novembre le blocage temporaire des réseaux sociaux jusqu'au lendemain du scrutin, une mesure annulée face à la vive réaction de l’opposition et des médias.


L'initiative controversée a renforcé les inquiétudes d’observateurs qui considèrent que l'érosion de la démocratie progresse à Maurice. Au cours d'une campagne dynamique, parfois marquée par des tensions, les deux principaux camps ont proposé des réformes visant à atténuer les pressions inflationnistes auxquelles les Mauriciens sont confrontés, malgré un taux de croissance élevé.
"Le peuple attend cette libération"
, avait lancé Navin Ramgoolam dimanche.

Ramgoolam et Jugnauth sont issus de familles influentes qui ont marqué la politique mauricienne depuis l’indépendance de l’île en 1968. Leur compétition a aussi affronté une alliance se présentant comme une alternative avec le slogan
"Ni Navin, ni Pravind"
, critiquant la corruption et le népotisme au sein de l’archipel.

Les autorités ont déployé des forces de police dans les bureaux de vote pour assurer la sécurité du scrutin, surveillé par des observateurs internationaux.


Les résultats définitifs sont attendus dans les heures qui viennent. La participation électorale, pour environ un million d'inscrits, devrait avoisiner les 80%, d'après les estimations basées sur des chiffres de bureaux de vote. Parmi les 891 candidats, 62 députés seront élus, tandis que la Commission électorale allouera huit sièges pour garantir une représentation équilibrée des différentes communautés.


Nation majoritairement hindoue, Maurice a connu une stabilité politique et une croissance économique remarquable depuis son indépendance, reposant sur le tourisme, les services financiers et le textile. En 2023, le PIB a enregistré une croissance de 7%, mais les analystes suggèrent la nécessité pour le pays de diversifier son économie, tout en s'inquiétant de l'aggravation de la mauvaise gouvernance et de la corruption.

Maurice, destination prisée pour ses plages paradisiaques bordées de palmiers et ses eaux turquoises, a accueilli 1,3 million de visiteurs en 2023.


L’accord avec le Royaume-Uni sur l'archipel des Chagos représente un acquis important pour le gouvernement sortant. Le texte de cet accord stipule que pendant une période initiale de 99 ans, Londres sera autorisé à
"exercer des droits souverains"
sur la base militaire américaine de Diego Garcia, située dans cet archipel.

Certains observateurs ont exprimé des réserves quant à la pérennité de cet accord, en raison de l’élection récente de Donald Trump à la présidence des États-Unis.


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