Crédit Photo : RAJESH JANTILAL / AFP
Des fonctionnaires de la Commission électorale d'Afrique du Sud (IEC) vident une urne pendant le processus de comptage des votes au bureau de vote de l'école primaire Addington lors des élections générales d'Afrique du Sud à Durban, le 29 mai 2024.
Le décompte des voix se poursuit jeudi matin, au lendemain d'élections législatives cruciales en Afrique du Sud, où le parti au pouvoir, l'ANC, pourrait pour la première fois de son histoire perdre sa majorité absolue. Les résultats ne sont pas attendus avant le week-end.
La plupart des bureaux de vote en Afrique du Sud ont fermé mercredi soir à 21 heures (19 heures GMT), sauf dans plusieurs grandes villes, notamment Durban, capitale du pays zoulou (Est), où des milliers d'électeurs ont attendu des heures pour déposer leurs bulletins, en raison de files d'attente interminables.
Sur les plus de 27 millions d'inscrits, la participation s'annonce forte, la commission électorale estimant qu'elle sera
à celle des dernières législatives de 2019, qui était de 66%.
Nombre d'observateurs analyseront de près la participation et les résultats partiels dans différentes zones, villes, banlieues et townships, pour tenter de pronostiquer la tendance pendant les prochains jours.
Mercredi, les électeurs ont confié leurs espoirs et leurs inquiétudes: certains maintiennent leur confiance au Congrès national africain (ANC) pour remédier au chômage endémique, mettre fin aux inégalités records et résoudre les pénuries d'électricité. D'autres, exaspérés, ont choisi l'opposition, morcelée entre de nombreuses formations politiques.
Les deux principaux partis d'opposition, l'Alliance démocratique (DA, centre libéral) comme les Combattants pour la liberté économique (EFF, gauche radicale), ont regretté des dysfonctionnements, responsables de ces foules qui
"incitent les gens à partir avant de voter".
À Durban, Sibahle Vilakazi, 25 ans, est revenue en fin de journée une troisième fois dans son bureau de vote, découragée plus tôt par la foule:
Je ne renoncerai pas, nous avons besoin de changement, tout le monde ici va s'accrocher.
À Soweto, le président Cyril Ramaphosa, 71 ans, a assuré, souriant, que la victoire de l'ANC ne fait
. Mais le chef du DA, John Steenhuisen, a évoqué une nouvelle ère, après trente ans de scrutins où
"il allait de soi que l'ANC allait gagner, on se demandait seulement avec quel score".
Les Sud-Africains devaient choisir parmi une cinquantaine de listes pour élire 400 députés à la proportionnelle, qui désigneront à leur tour le prochain président courant juin.
À Soweto, township symbole de la lutte contre l'apartheid, les fidèles âgés de l'ANC, qui ont connu la ségrégation, étaient les premiers au petit matin dans les bureaux de vote, suivis par d'autres électeurs souvent désillusionnés par l'état du pays.
Agnes Ngobeni, 76 ans, votera ANC aussi longtemps qu'elle sera en vie:
C'est le parti que j'aime, celui qui a fait de moi ce que je suis.
Mais Kqomotso Mtumba, employée de banque de 44 ans, ex-électrice du parti de Nelson Mandela, a désormais choisi un
au programme séduisant.
L'ANC
"n'a pas tenu ses promesses, alors je vais essayer celui-là".
"On n'a pas de boulot, pas d'eau, rien ne marche",
râle aussi Danveries Mabasa, chômeur de 41 ans.
Ce scrutin est
"sans aucun doute le plus imprévisible depuis 1994"
, même si l'ANC devrait rester le premier parti à l'Assemblée, relève l'analyste politique Daniel Silke.
Économie morose, scandales de corruption à répétition: le parti au pouvoir risque d'obtenir
"un résultat potentiellement inférieur à 50%"
. Il serait alors contraint de former un gouvernement de coalition.
Le DA, qui promet de
"sauver l'Afrique du Sud"
et son économie, pourrait rafler 25% des voix, selon les sondages. Les radicaux de gauche de l'EFF sont crédités d'environ 10%.
Mais la plus grande menace pour l'ANC pourrait provenir du petit parti populiste Umkhonto We Sizwe (MK) mené par l'ancien président Jacob Zuma, crédité de jusqu'à 14% des suffrages, qui grignote l'électorat traditionnel du parti au pouvoir sur sa gauche.
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