Pourquoi Elon Musk est-il dans le viseur ?

14:4716/02/2025, dimanche
MAJ: 18/02/2025, mardi
Abdullah Muradoğlu

Le soutien obstiné de l'administration Biden au génocide palestinien par Israël a coûté aux Démocrates des élections déjà serrées. Si le plan de Trump visant à remanier complètement la bureaucratie fédérale aboutit, les Démocrates perdront leur pouvoir bureaucratique bien établi, qui fonctionnait jusqu'à présent comme une machine bien huilée. Ce pouvoir bureaucratique, appelé "État administratif", signifie que même si un Démocrate n’est pas à la Maison-Blanche, la plupart des institutions et agences

Le soutien obstiné de l'administration Biden au génocide palestinien par Israël a coûté aux Démocrates des élections déjà serrées. Si le plan de Trump visant à remanier complètement la bureaucratie fédérale aboutit, les Démocrates perdront leur pouvoir bureaucratique bien établi, qui fonctionnait jusqu'à présent comme une machine bien huilée. Ce pouvoir bureaucratique, appelé "État administratif", signifie que même si un Démocrate n’est pas à la Maison-Blanche, la plupart des institutions et agences clés restent dirigées par des "libéraux".


L'État administratif est le pilier central de l'"Establishment américain", qui repose sur un consensus bipartisan. Depuis 2016, Trump qualifie cet État administratif de "marais de Washington" ou de "Deep State". Lorsqu'il parle du "marais", Trump désigne les élites politiques corrompues des deux partis, composées à la fois de centristes républicains et de démocrates. Lors de la campagne de 2016, il avait promis d’assécher ce "marais" s’il était élu.


Cependant, une fois au pouvoir, ce "marais" a fini par absorber Trump. C'est pourquoi il n'a pas pu tenir bon nombre de ses promesses. Vers la fin de son premier mandat, Trump avait élaboré un plan pour purger l'État administratif de ses éléments libéraux. N’ayant pas été réélu en 2020, il n’a pas pu le mettre en œuvre.


Le véritable pouvoir à Washington, D.C. – le pouvoir bureaucratique – ne change jamais. Ses racines remontent aux réformes du "New Deal" mises en place en 1933 par le président démocrate Franklin D. Roosevelt. De nombreuses agences et institutions visées aujourd’hui par les conservateurs et les trumpistes ont été créées à cette époque.


Washington abrite la majorité des fonctionnaires du gouvernement fédéral, y compris ceux de l’exécutif et du judiciaire. L’idéologie dominante de cet État administratif se reflète même dans les élections présidentielles : depuis 2000, les candidats démocrates ont obtenu en moyenne 90 % des voix dans la capitale fédérale. À l’inverse, les républicains ne dépassent jamais 10 %. Trump, lui, n’a recueilli que 4,1 % des voix à Washington en 2016, 5,4 % en 2020, et environ 6,5 % en 2024.


Le gouvernement fédéral emploie plus de 3,5 millions de civils et de militaires à temps plein dans environ 400 agences et institutions (sans compter les contractuels). Son budget annuel dépasse 1 000 milliards de dollars. Ces agences, qui couvrent tous les aspects de la vie quotidienne, sont financées et supervisées par le Congrès américain. Les critiques de l’"État administratif" dénoncent cette situation comme un monopole libéral sur les institutions fédérales.


Le président des États-Unis ne peut nommer directement qu’environ 4 000 personnes. Mais la majorité des activités gouvernementales sont menées par des fonctionnaires de carrière. Pour les républicains, ces employés fédéraux sont majoritairement "libéraux" et risquent donc de s’opposer aux politiques d’un président conservateur. C’est pour cette raison que, même lorsqu’ils perdent une élection, les démocrates conservent leur influence et sont souvent qualifiés de "parti du gouvernement". Lors du premier mandat de Trump, les républicains se sont plaints que la bureaucratie ralentissait ses politiques, fuyait des informations et ne coopérait pas dans le partage des données. Un autre motif d’irritation pour les trumpistes était le cadre légal qui rendait difficile le licenciement des fonctionnaires fédéraux.


Après avoir remporté les élections de 2024, Trump a créé un ministère consultatif appelé "Ministère de l’Efficacité Gouvernementale (DOGE)" et en a confié la direction à Elon Musk et Vivek Ramaswamy. Il a nommé à la tête des ministères exécutifs, notamment ceux de la Défense et des Affaires étrangères, des personnalités en qui il avait confiance pour appliquer son plan de démantèlement de l’État administratif. Elon Musk joue désormais un rôle central dans cette guerre contre la bureaucratie, agissant presque comme un "général en chef" de cette bataille. C’est pourquoi les Démocrates ont commencé à s’en prendre à lui encore plus qu’à Trump.


Avant l’élection, Trump avait déclaré dans un discours : "Chrétiens, sortez et votez, juste cette fois. Ensuite, vous n’aurez plus besoin de le faire. Encore quatre ans, et tout sera réglé." Cette déclaration sous-entendait que les Républicains comptaient s’installer définitivement dans la bureaucratie fédérale.


Si Trump parvient à restructurer l'État administratif, les Démocrates risquent de se retrouver à leur tour à dénoncer le "Deep State". Ce grand bouleversement au sein de la bureaucratie fédérale pourrait profondément transformer la politique américaine. Par ailleurs, il pourrait forcer les Démocrates à adopter une posture plus populiste. C'est l’un des scénarios les plus redoutés par les "libéraux de l’Establishment".

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