La France frappée par sa propre arme en Afrique

La rédaction
17:199/08/2023, mercredi
MAJ: 9/08/2023, mercredi
Yeni Şafak
Crédit photo: AGENCE FRANCE PRESSE
Crédit photo: AGENCE FRANCE PRESSE

Après les coups d'État successifs au Mali, en Guinée, au Soudan, au Burkina Faso, au Tchad et enfin au Niger, la France a été frappée par ses propres armes dans la région. Le système déséquilibré établi par la politique coloniale de la France a préparé le terrain à des contre-insurrections.

Après les coups d'État successifs au Mali, en Guinée, au Soudan, au Burkina Faso, au Tchad depuis 2020, la région du Sahel est passée sous régime militaire avec le coup d'État survenu au Niger le 26 juillet.


En conséquence de la succession de ces coups d'État sous la forme d'un effet domino, les gouvernements arrivés au pouvoir ont opté pour la confrontation avec l'Occident, qui n'a pas été bénéfique pour la stabilité du Sahel durant sa présence dans la région.

Alors que les équilibres politiques étaient bouleversés, la désintégration de l'ordre colonial a coupé une à une les veines vitales de l’Occident.


Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, les forces occidentales, notamment la France, qui étaient présentes militairement dans la région, ont dû se retirer, tandis que les forces sous l'influence de la Russie ont établi des relations étroites avec les gouvernements issus du coup d'État.


La France a préparé sa propre fin


Depuis 2020, la région du Sahel, qui revêt une importance stratégique pour le continent, est constamment au centre de l'attention en raison des nombreux coups d'État.


Pendant sa période coloniale, la France a appliqué la politique du "diviser pour régner" afin de contrôler plus facilement ses colonies en Afrique. De ce fait, les États de la région n'ont pas pu acquérir la tradition d'un système politique sain.

Mais aujourd'hui, le système distordu mis en place par la France à travers son approche coloniale a déclenché une contre-insurrection qui va l'obliger à quitter le continent.


Le fiasco de l’Opération Barkhane


L'absence d'autorité politique parmi les acteurs du Sahel a permis aux organisations terroristes infra-étatiques de mener leurs activités dans la région. Bien que la France ait mené des opérations militaires pendant des années afin d'assurer son ordre colonial, elle n'a pas pu obtenir le résultat escompté.


Depuis 2014, l'Opération Barkhane, lancée dans le but de lutter contre le terrorisme, a imposé un fardeau financier considérable au gouvernement de Paris.

À partir de 2020, la France a commencé à réduire sa présence militaire dans la région, et en 2021, le président Emmanuel Macron a annoncé que la présence militaire française dans la région serait progressivement réduite.


Le renversement successif des gouvernements alliés de la France par des administrations militaires a été également considéré comme le résultat de ce processus. En effet, suite à la diminution de l'influence française parmi les acteurs régionaux, des figures hostiles à la France ont gagné en puissance au sein de l’armée.


Le changement des équilibres


Depuis la période coloniale de la France, où elle a été un acteur politique et économique dominant, influençant les affaires intérieures et extérieures de la région du Sahel en Afrique, les équilibres ont bien changé au cours des trois dernières années.


La réaction anti-colonialiste des populations de la région qui cherchaient à se libérer de l'influence Françafrique a déclenché des changements radicaux dans de nombreux pays.


Finalement, le gouvernement de Mohamed Bazoum, arrivé au pouvoir démocratiquement au Niger le 26 juillet et considéré comme le dernier allié de l'Occident dans le Sahel, a été renversé par un groupe de militaires dirigés par le Général Abdourahamane Tchiani. Contrainte de retirer ses troupes du Mali, la France avait l'intention de redéployer ses forces vers une base militaire au Niger.

Le Niger est devenu le dernier maillon du réveil anti-colonial dans le Sahel.


Toute cette succession d’événements a débuté avec le coup d'État militaire au Mali en 2020.


Série de coups d’État


En août 2020, pour la première fois, un groupe d’officiers appartenant aux forces armées de l'ancienne colonie française du Mali a pris le pouvoir, forçant le président Ibrahim Boubacar Keïta à démissionner, et procédant à la dissolution du parlement et du gouvernement. Et le chef du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), Assimi Goïta, qui a mené le coup d'État, a été proclamer président.


Au Tchad, Idriss Déby, qui a occupé la présidence pendant 30 ans, a perdu la vie lors d'un affrontement survenu en avril 2021 alors qu'il rendait visite aux troupes militaires engagées dans des combats contre des insurgés dans le nord du pays. Après son décès, l'armée tchadienne a pris le contrôle du pouvoir. Le fils de Déby, le général Mohammed Idriss Déby, a établi un conseil provisoire et est devenu président.


Au Soudan, en octobre 2021, un groupe d'officiers a organisé un coup d'État contre le Premier ministre Abdallah Hamdok et son gouvernement. Le président du gouvernement provisoire et chef des putschistes, le général Abdel Fattah al-Burhan, a destitué la branche civile du gouvernement et s’est emparé du gouvernement. Dans les jours qui ont suivi, Hamdok a été rétabli dans ses fonctions.


Cependant, au cours des dernières semaines, une faction paramilitaire au sein de l'armée, appelée les Forces de Soutien Rapide, s'est révoltée. Les affrontements se poursuivent, et entraînent la mort de centaines de personnes.


Leur point commun: la France


Une autre ancienne colonie française, la Guinée, a connu un coup d'État en septembre 2021, lorsque le Colonel Mamadi Doumbouya, Commandant des Forces Spéciales, a mené un coup d’État contre le président Alpha Condé prétextant la pauvreté et la corruption.


En janvier 2022, au Burkina Faso, le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a mené un coup d'État contre le Président Roch Christian Kaboré, alléguant un échec dans la lutte contre les organisations terroristes.


En octobre, le Capitaine Ibrahim Traoré a pris le pouvoir sous prétexte d’une collaboration entre Damiba et la France.


Le point commun des coups d'État survenus dans 6 pays, y compris le Niger, est le soutien des partisans mécontents de la présence française et leur exécution par des structures anti-françaises au sein de l'armée.


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