Éthiopie: Les femmes du Tigré manifestent pour le retour de l'aide alimentaire

09:4711/07/2023, mardi
MAJ: 11/07/2023, mardi
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Crédit photo: GUY PETERSON / AFP
Crédit photo: GUY PETERSON / AFP

Dans la région du Tigré déchirée par la guerre, les femmes sont descendues dans la rue, dimanche, exigeant la reprise immédiate des aides alimentaires indispensables, le retour des personnes déplacées dans leurs foyers et la justice pour les victimes de violences sexuelles.

Résolues à faire entendre leurs voix pour que soit trouvée une solution aux pénuries alimentaires qui frappent la région en raison de l'arrêt de l'aide fournie par les organisations internationales.


Les manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes du Tigré, la capitale Mekelle ayant été le théâtre d'une mobilisation importante.


Les manifestants, principalement des femmes, brandissaient des pancartes et des banderoles, réclamant la justice et le changement.


Ils ont exposé leurs préoccupations concernant l'arrêt de l'aide alimentaire par les organisations internationales, notamment le Programme alimentaire mondial (PAM) et l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), qui a laissé la région aux prises avec de graves pénuries alimentaires.

"Nous ne pouvons plus rester sans rien dire! Notre peuple meurt de faim, nos enfants souffrent"
, a déclaré la manifestante Hirut Mengistu à Anadolu.

"Nous demandons la reprise immédiate de l'aide alimentaire et le retour des personnes déplacées dans leurs foyers. Comment pouvons-nous être témoins d'une telle souffrance et ne pas agir ?"
, a-t-elle ajouté.

Serawit Gebremichael, une mère sanglotant d'émotion, a lancé un appel à l'aide au nom des innombrables autres personnes dans le besoin.


Je suis une mère. Mes enfants ont faim et je ne peux plus subvenir à leurs besoins.

Et d'ajouter:
"Nous avons besoin que le monde entende nos cris, qu'il perçoive notre désespoir. Nous sommes au bord de la famine et nos vies ne tiennent plus qu'à un fil. Nous implorons la communauté internationale d'intervenir et de nous sauver de cette souffrance sans nom".

Violences sexuelles


Abeba Haileslassie, présidente de l'Association des femmes du Tigré, a déclaré que les manifestations se poursuivraient jusqu'à ce que leurs doléances soient prises en compte.


Les manifestations ont eu lieu dans plusieurs localités du Tigré: Adigudem dans le nord-est du Tigré, Mokoni dans le sud, Shire dans le nord-ouest, Axum dans le centre, Maichew dans l'est du Tigré et Adigrat dans l'est de la région.


Les manifestants ont également exigé qu'il soit mis fin aux violences sexuelles dont sont victimes les femmes tigréennes, en particulier dans les zones occupées par les forces érythréennes et amhara.

Ils ont également mis l'accent sur la pénurie de médicaments essentiels, qui aggrave la crise humanitaire déjà désastreuse.


L'administrateur en chef par intérim du Tigré, Getachew Reda, a déclaré qu'il s'était entretenu avec le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies en Éthiopie afin de faire redémarrer les programmes d'aide alimentaire.


Un dirigeant local du Tigré, Alem Gebrehiwot, a exprimé sa solidarité avec les manifestantes et les personnes déplacées, tout en reconnaissant la gravité de la situation.


"Les voix de ces femmes courageuses et de la population déplacée doivent être entendues. Nous les soutenons dans leur lutte pour la justice, la reprise de l'aide et le droit de vivre en paix"
, a déclaré Gebrehiwot à Anadolu.

Lutte contre la famine


Lors d'une visite au camp de déplacés de Qoloji, le plus grand camp d'Éthiopie, qui abrite plus de 100 000 personnes déplacées, Anadolu a eu l'occasion de constater de visu les conditions désastreuses vécues par les personnes touchées par le conflit.


Le camp était encombré d'abris de fortune, hébergeant des familles déplacées ne disposant pas d'installations sanitaires adéquates et n'ayant qu'un accès limité à l'eau potable.


L'arrêt récent de l'aide alimentaire par le PAM a encore aggravé leur situation déjà désastreuse.

Deux femmes, Zewditu Tesfaye, propriétaire d'une modeste échoppe, et Aster Demisse, commerçante, ont fait part de leur expérience personnelle à Anadolu et ont évoqué l'impact de l'arrêt de l'aide alimentaire.


Tesfaye, visiblement bouleversée, a expliqué comment le manque d'aide alimentaire a affecté non seulement les personnes déplacées, mais aussi ceux qui en dépendaient pour leur survie.


"L'absence d'aide alimentaire a entraîné une flambée des prix au niveau local, empêchant nombre d'entre nous de nourrir leurs familles. Nous n'avons pas d'argent, tout ce que nous avions a été pillé ou volé lorsque nous avons été déplacés"
, a-t-elle expliqué.

Aster Demisse, qui gérait auparavant un commerce florissant, a aujourd'hui du mal à joindre les deux bouts. Elle a souligné la situation critique des personnes les plus vulnérables dans le camp:


"Les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées sont particulièrement touchés. Nous avons besoin d'une aide immédiate pour éviter d'autres pertes de vie dues à la faim."

Rahel Gebre, une agricultrice de 35 ans, a quant à elle témoigné du désespoir et de la famine qui sévissent dans le camp depuis le mois de mai.

"Nous n'avons pas reçu d'aide alimentaire depuis le mois de mai et nos enfants meurent de faim. La surpopulation du camp rend notre survie encore plus difficile"
, a-t-elle déclaré à Anadolu.

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