En Slovaquie, le populiste Robert Fico, un ex-communiste au penchant pro-Poutine

15:201/10/2023, dimanche
AFP
Robert Fico, chef du parti Smer-SSD et ancien premier ministre de la Slovaquie. Crédit photo: VLADIMIR SIMICEK / AFP
Robert Fico, chef du parti Smer-SSD et ancien premier ministre de la Slovaquie. Crédit photo: VLADIMIR SIMICEK / AFP

L'ancien Premier ministre slovaque Robert Fico, dont le parti populiste Smer-SD a remporté les Législatives de samedi, risque de faire pencher la balance diplomatique de son pays très nettement du côté du Kremlin.

La Slovaquie, membre de l'UE et de l'Otan, a fourni une aide militaire substantielle à l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe en février 2022.


Mais si son parti arrive au pouvoir, la Slovaquie n'enverra plus
"une seule balle"
à l'Ukraine, a déclaré récemment l'ancien communiste de 59 ans, qui réfute les qualificatifs de
"populiste"
et
"démagogue".

Né le 15 septembre 1964, M. Fico a entamé sa carrière politique au sein du parti communiste juste avant que la révolution de velours de 1989 ne balaie le régime de l'ancienne Tchécoslovaquie.

En 1999, il a quitté le Parti de la gauche démocratique (SDL), héritier politique du parti communiste, pour fonder le Smer-Social-Démocrate (Smer-SD).


Selon le sociologue slovaque Michal Vasecka, M. Fico admire l'autoritarisme du président russe Vladimir Poutine.


L'ex Premier ministre a assuré récemment que
"la guerre en Ukraine a commencé en 2014 lorsque des fascistes ukrainiens ont tué des victimes civiles de nationalité russe"
, reprenant à son compte des affirmations russes non prouvées.

"Sa relation avec la Russie est historiquement déterminée par la devise socialiste avec l'Union soviétique pour l'éternité"
, ajoute M. Vasecka dans un livre qu'il lui a consacré.

M. Fico a aussi affirmé qu'il n'autoriserait pas l'arrestation de Vladimir Poutine, sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale, s'il venait un jour en Slovaquie.


Avocat de profession, parlant couramment l'anglais, Robert Fico s'est forgé une réputation européenne en tant que représentant de son pays auprès de la Cour européenne des droits de l'Homme à Strasbourg de 1994 à 2000.


Mais celui qui avait salué l'adoption de l'euro par la Slovaquie comme une
"décision historique"
, s'en prend cependant aussi désormais ouvertement à l'UE.

Liens avec l'extrême droite


En 2006, le Smer-SD a remporté une victoire écrasante au Parlement, catapultant M. Fico au poste de Premier ministre, deux ans après l'adhésion de la Slovaquie à l'UE.


Il a alors monté une coalition avec le Parti national slovaque (SNS) d'extrême droite, qui partage sa rhétorique anti-réfugiés et ses penchants populistes, puis a tiré parti de la crise financière mondiale de 2008 et 2009 pour renforcer sa popularité en refusant d'imposer des mesures d'austérité.


Renvoyé dans l'opposition en 2010, il a remporté les élections deux ans plus tard après la chute d'une coalition de centre-droit sur fond d'allégations de corruption.

L'amateur de voitures de course a subi une déconvenue en 2014 lorsque ses ambitions présidentielles se heurtent à la victoire d'un novice en politique, le philanthrope Andrej Kiska.


Lors de la crise migratoire en Europe en 2015, M. Fico a adopté une position ferme à l'égard des migrants, refusant de
"donner naissance à une communauté musulmane distincte en Slovaquie"
et critiquant le programme européen de quotas visant à redistribuer les réfugiés.

Le Smer-SD a remporté les élections de 2016, mais le dernier mandat de M. Fico à la tête du gouvernement s'est achevé deux ans plus tard, après le meurtre du journaliste Jan Kuciak et de sa fiancée.

Ce crime a déclenché une vague de protestations antigouvernementales dans toute la Slovaquie, Jan Kuciak ayant dénoncé les liens entre la mafia italienne et le gouvernement Fico dans son dernier article publié à titre posthume.


Une coalition anticorruption a pris le pouvoir lors d'élections organisées en 2020, au cours desquelles M. Fico avait réussi à préserver son siège au parlement.


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