Biodiversité: 11 États de l'UE appellent à débloquer un texte-clé du Pacte vert

15:1714/05/2024, mardi
AFP
Le drapeau européen devant la porte de Brandebourg, à Berlin.
Crédit Photo : CHRISTIAN MANG / AFP
Le drapeau européen devant la porte de Brandebourg, à Berlin.

Les ministres de l'Environnement de onze États de l'UE, dont la France, ont appelé leurs homologues des Vingt-Sept à approuver une législation imposant la restauration des écosystèmes abîmés, un texte-clé du Pacte vert européen aujourd'hui bloqué.

Après des pourparlers intenses, les négociateurs du Parlement européen et des États membres s'étaient entendus mi-novembre 2023 sur une version édulcorée de cette législation de "restauration de la nature", un accord ensuite entériné tel quel fin février par les eurodéputés en séance plénière.


Cependant, l'ultime feu vert formel des Vingt-Sept, indispensable avant une entrée en vigueur de ce texte, se fait toujours attendre. Et, faute de majorité requise (15 pays représentant 65% de la population de l'UE), le sujet a été retiré fin mars d'une réunion des ambassadeurs des États.


Dans une lettre commune initiée par l'Irlande, onze États appellent l'ensemble des Vingt-Sept à valider définitivement ce texte lors d'une réunion le 17 juin des ministres européens de l'Environnement au Luxembourg.

"Une telle ratification serait à la hauteur de l'engagement de faire de l'UE un leader mondial dans la restauration de la nature et d'adhérer à l'ambition définie par la COP15 Biodiversité de Montréal de 2022"
, indique cette lettre, signée notamment par le ministre français Christophe Béchu.

Les pays signataires (Irlande, France, Allemagne, Espagne, République tchèque, Luxembourg, Estonie, Lituanie, Danemark, Slovénie, Chypre) se montrent soucieux d'entériner une avancée majeure avant la COP Biodiversité de Cali (Colombie) en octobre.

"La restauration des écosystèmes est essentielle pour atténuer et s'adapter aux impacts du changement climatique, pour sauvegarder la sécurité alimentaire européenne",
avertit le courrier.

La législation impose d'instaurer d'ici à 2030 des mesures de rétablissement des écosystèmes sur 20% des terres et espaces marins à l'échelle de l'UE, et de restaurer au moins 30% des habitats (zones humides, forêts, etc.) en mauvais état.

D'autres dispositions visent à améliorer les critères mesurant la santé des forêts, à retirer les obstacles sur les cours d'eau et à stopper le déclin des abeilles.


"L'absence persistante d'une majorité qualifiée pour valider l'accord provisoire soigneusement négocié avec le Parlement est très inquiétante et remet en question le processus d'élaboration des politiques de l'UE"
, s'inquiète la lettre.

L'impact en milieu rural avait suscité de houleux débats au Parlement européen l'an dernier et alimenté la colère agricole début 2024 malgré les vastes flexibilités introduites.

Si un vote avait eu lieu fin mars, selon des sources diplomatiques, trois États (Suède, Pays-Bas, Italie) auraient voté contre, et cinq (Belgique, Autriche, Pologne, Finlande, Hongrie) se seraient abstenus.


L'Autriche et la Belgique étaient contraintes de s'abstenir en raison de divisions au sein de leur État fédéral, l'Italie disait refuser
"de nouvelles charges pour les agriculteurs"
, et la Finlande entendait préserver sa puissante sylviculture.

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