Le réchauffement climatique menace gravement la Grande Barrière de Corail en Australie, avec un blanchissement massif récurrent, nécessitant une action urgente pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et préserver cette biodiversité marine précieuse.
Tuba à la bouche, Anne Hoggett plonge aux abords de la Grande Barrière de Corail au nord-est de l'Australie, comme elle le fait depuis des décennies. Furieuse de constater le blanchissement massif des coraux provoqué par le changement climatique.
Mme Hoggett plonge régulièrement parmi les bancs de poissons qui se faufilent entre ces récifs, leur offrant abri et nourriture.
Mais le site a désormais des allures de cimetière. En cause: le nouvel épisode de blanchissement massif qui ravage ce joyau écologique.
Ce phénomène de dépérissement, qui se traduit par une décoloration, est provoqué par une hausse de la température de l'eau, entraînant l'expulsion des algues symbiotiques donnant au corail sa couleur vive.
"Plus fréquent et grave"
Annoncé en mars par les autorités australiennes, ce nouvel épisode de blanchissement massif est le cinquième en huit ans.
Le phénomène n'est pas cantonné à l'Australie: lundi, l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA) a annoncé que la planète connaissait son deuxième plus grand épisode de blanchissement des coraux en dix ans.
Selon des scientifiques, un réchauffement de 2 °C des températures pourrait se solder par la disparition complète de 95 % des récifs coralliens de la planète.
Même si l'objectif - déjà largement jugé hors d'atteinte - de la communauté internationale de limiter cette hausse à 1,5 °C par rapport à l'ère préindustrielle était respecté, 70 % des récifs coralliens pourraient être sujets au blanchissement.
Solution chimérique
Des milliards de dollars ont déjà été investis pour tenter de sauver les coraux. Sans s'attaquer à la cause première du fléau, selon le scientifique Terry Hughes: le changement climatique.
L'élevage de coraux en aquarium, parfois avancé comme une possible solution, lui semble particulièrement chimérique.
Mais le pays est l'un des plus grands exportateurs de gaz naturel et de charbon et ne s'est que très récemment fixé des objectifs, jugés peu ambitieux, pour atteindre la neutralité carbone.
Pour Roger Beeden, responsable scientifique de l'Autorité du Parc Marin de la Grande Barrière de Corail, il est trop tôt pour tirer un bilan de ce dernier épisode de blanchissement des coraux.