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Afrique du Sud: élection du président, avant un gouvernement de coalition

L'Assemblée nationale sud-africaine, issue des législatives les plus disputées de cette jeune démocratie née après l'apartheid, siège pour la première fois vendredi pour élire le chef de l'État, qui formera un gouvernement de coalition inédit.

11:09 - 14/06/2024 vendredi
AFP
Le président de l'ANC et président sud-africain, Cyril Ramaphosa, assiste à la réunion spéciale du Comité exécutif national, au Cap, le 13 juin 2024.
Crédit Photo : Wikus de Wet / AFP
Le président de l'ANC et président sud-africain, Cyril Ramaphosa, assiste à la réunion spéciale du Comité exécutif national, au Cap, le 13 juin 2024.

Cyril Ramaphosa, 71 ans, devrait être reconduit à la tête du pays bien que son parti, le Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis trente ans, ait perdu sa majorité absolue au Parlement.


Mais fort de 159 députés sur 400, l'ANC reste le parti majoritaire et devrait, sous la houlette du populaire Ramaphosa, former un gouvernement de coalition, notamment avec le premier parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA, centre libéral, 87 sièges), et le parti nationaliste zoulou Inkatha (IFP, 17 sièges).


Vers un gouvernement de coalition inédit


"Outre la DA et l'IFP, Ramaphosa cherchera à obtenir le soutien de petits partis, afin de se prémunir contre l'éventualité que certains membres de son propre parti, l'ANC, le boudent"
, note la politologue Susan Booysen.
"Il aura besoin de ce pare-choc"
, en dépit de la grande décontraction affichée lors de chacune de ses récentes apparitions publiques.

L'Assemblée, qui siège au Cap, devrait dans la matinée élire son président et son adjoint(e). Le speaker devrait être issu de l'ANC mais l'identité de l'adjoint, en fonction de son affiliation politique, pourrait laisser entrevoir la nature du gouvernement à venir.


Ensuite, vers 14h00 (12H00 GMT), les députés devront proposer des candidats à la présidence du pays.

Si Cyril Ramaphosa, adoubé à la sortie de l'apartheid par Nelson Mandela comme l'un des plus doués de sa génération, est le seul candidat, il sera élu. Sinon, un vote à bulletin secret sera organisé.


Le président sera investi en fin de semaine prochaine, lors d'une cérémonie à Pretoria.


Les défis de Cyril Ramaphosa pour former une coalition


Depuis plusieurs jours, une troïka ANC-DA-IFP semblait se dessiner, en dépit de tiraillements sur la gauche de l'ANC, qui voit d'un mauvais œil une alliance avec la DA, appréciée par le monde des affaires qui reste largement perçu comme le parti des Blancs, opposé au poids des aides sociales sur le budget notamment.


Mercredi soir, le dirigeant de l'Inkatha avait confirmé la rumeur:
"L'IFP va rejoindre un gouvernement d'unité nationale avec l'ANC et la DA",
a annoncé Velenkosini Hlabisa à la presse, plaidant pour
"la stabilité"
du pays afin que les Sud-Africains voient
"leurs défis pris en compte".

La semaine dernière, le président Ramaphosa avait appelé de ses vœux un
"gouvernement d'union nationale"
, référence réconfortante à la formule trouvée à la sortie de l'apartheid avec la formation d'un gouvernement unissant le premier président noir Nelson Mandela et le dernier président blanc du pays Frederik de Klerk.

Il a invité tous les partis allant de l'extrême droite à l'extrême gauche à
"travailler ensemble".

"L'ANC s'engage dans cette voie sous le couvert d'un gouvernement d'union nationale, mais en réalité ce n'est pas le cas... il s'agit plutôt de pourparlers de coalition"
, souligne la politologue Hlengiwe Ndlovu, évoquant des coulisses agitées depuis plusieurs jours entre partis politiques et au sein de l'ANC.

Jeudi soir, l'ANC a confirmé que la coalition devra
"graviter autour du centre",
après un rejet de l'accord par l'opposition de gauche, a déclaré son secrétaire général Fikile Mbalula.

Le MK, nouveau parti de l'ancien président accusé de corruption Jacob Zuma, devenu la troisième force politique avec 58 sièges, a décliné, refusant toute discussion avec l'ANC tant que M. Ramaphosa resterait à la tête du pays.


Le MK, qui continue à contester les résultats des législatives, a aussi prévu de boycotter cette première session parlementaire.

Et les Combattants pour la liberté économique (EFF, gauche radicale, 39 sièges), qui prônent la confiscation de terres aux Blancs ou la privatisation de secteurs clés de l'économie, s'opposent à rejoindre un gouvernement comprenant la DA libérale.


"La DA est notre ennemi",
a rappelé jeudi soir son leader Julius Malema.

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