En faisant fuiter dans les médias que la Chine envisageait de fournir à la Russie une aide militaire, y compris des armes lourdes, des drones kamikazes et d’autres armes, les responsables américains ont averti Pékin. L’administration Biden, qui affirme que des sanctions économiques seront imposées à la Chine si elle prend une telle mesure contre l’Ukraine, tente également d’intimider la Russie en annonçant une nouvelle aide militaire de 2 milliards de dollars à l’Ukraine. À l’occasion du premier anniversaire de la tentative d’invasion et à un moment où les deux parties se préparent à un climat de conflit qui devrait s’intensifier au printemps, la Chine a appelé les deux parties à négocier la paix. Washington accuse la Chine, qui ne critique pas l’occupation russe d’une part et appelle à des négociations d’autre part, de mettre au même niveau l’occupant et l’occupé.
Jusqu’à présent, la Chine a été l’un des principaux acteurs pour aider à maintenir l’économie russe à flot en continuant d’acheter et d’échanger de l’énergie à la Russie. Si elle commence à fournir un soutien militaire à la Russie, il est possible qu’une alliance russo-chinoise se forme, et elle ne sera pas facile à contrer par l’Occident. Il faudra attendre et voir à quel point l’avertissement de la "ligne rouge" de l’Europe et les États-Unis qui menace la Chine de sanctions et d’isolement diplomatique, sera efficace. L’arrivée de la Chine au stade de l’aide militaire à la Russie pourrait non seulement compliquer le travail de l’alliance occidentale, mais serait aussi le début d’une nouvelle guerre froide mentionnée depuis longtemps. Même si la question n’atteint pas ce niveau, il est à noter que la Chine veut jouer un rôle diplomatique en intervenant sur une guerre en Europe.
Le plan de paix en 12 points annoncé par la Chine appelle à des négociations. En utilisant un langage neutre et en évitant toute critique de la Russie, la Chine ne prétend pas être un médiateur neutre. Le fait que la Chine évite de soutenir ouvertement la Russie peut être attribué à sa crainte de nuire à ses relations commerciales avec l'Occident. D'autre part, l'abstention de la Chine des résolutions de l'ONU condamnant la tentative d'invasion de l'Ukraine, qui met l'accent sur "l'intégrité territoriale", indique qu'elle ne veut pas gâcher ses relations avec la Russie. Par ce comportement, la Chine tente peut-être d'améliorer sa réputation, notamment aux yeux des pays touchés par la crise céréalière et de ceux qui souhaitent que la guerre prenne fin le plus rapidement possible. Il est clair que la Chine veut jouer un rôle diplomatique dans la guerre qui oppose l'Occident à la Russie sans prendre une position tranchée.
Le fait que lors de la visite de Biden à Kiev la semaine dernière, le ministre chinois des Affaires étrangères se soit rendu à Moscou et dans les capitales européennes pour appeler à des pourparlers de paix, montre que la Chine veut jouer un rôle dans le système international, bien que limité. Le fait qu’elle dispose d’un atout qui peut être coûteux, comme la fourniture d’armes à la Russie, peut donner confiance à la Chine à cet égard. Cependant, l’administration de Pékin, qui est consciente du coût de cette mesure, ne préférera pas une défaite décisive de la Russie. Avec l’intensification des hostilités au printemps, Poutine pourrait être encore affaibli par les succès possibles de l’Ukraine. Dans ce scénario, la Russie pourrait être plus dépendante de la Chine, mais celle-ci ne préférera pas augmenter le coût de son soutien économique et politique à la Russie.
Le dirigeant ukrainien Zelensky a souligné le plan de paix de la Chine en mettant l’accent sur "l’intégrité territoriale". Il est clair que Zelensky, qui s’abstient de s’aliéner des forces autres que la Chine et l’Occident en envoyant le message qu’il n’est pas fermé à une solution diplomatique, n’a pas l’intention de faire des concessions territoriales que la Russie considère comme une condition préalable aux négociations. D’autre part, la fourniture d’armes par la Chine à la Russie aura un effet majeur pour l’administration de Kiev, qui ne veut pas laisser Pékin hors-jeu en raison de ses relations économiques avec la Chine. L’ajout d’un soutien militaire à un soutien politique et économique détruirait complètement la crédibilité de la politique "apparemment neutre" de la Chine. Fournir des armes à la Russie peut augmenter inutilement les coûts de la Chine, mais Poutine n’a peut-être pas d’autre choix que de poursuivre la guerre.
L’administration Biden a jusqu’à présent réussi à maintenir l’unité de l’Occident dans la guerre en Ukraine, envoyant un message à la Chine au sujet de Taïwan. Washington, qui a également mis en garde la Chine dans un langage ferme au sujet de l’aide militaire à la Russie, ne semble pas avoir beaucoup de poids autre que des sanctions économiques. Il ne sera pas facile pour l’administration américaine, qui n’a pas réussi à dissuader la Russie avec des sanctions en raison de la poursuite des ventes d’énergie, d’empêcher la Chine de fournir un soutien militaire à la Russie. Voyant que Poutine sera vaincu, il ne sera pas surprenant que la Chine poursuive la guerre en prenant le pas du soutien aux armes. La prolongation de la crise signifiera à la fois le maintien de l’influence de la Chine sur la Russie, qui en a besoin, et sa capacité à jouer un rôle diplomatique sur la scène internationale. Pour cette raison, nous pouvons dire que la Chine voudra poursuivre sa politique actuelle.
Au moment où Washington et Moscou lèvent la main mutuellement, l’introduction par la Chine d’un plan de paix qui ne va pas au-delà d’une répétition de sa propre politique suggère que Pékin veut un rôle diplomatique qui ne produit pas de coûts. Il semble également difficile pour la Chine, qui veut jouer un rôle diplomatique et dire qu’elle est également présente dans le système international, de devenir un acteur essentiel sans apporter de soutien militaire à la Russie. Si la Chine ne veut pas supporter les coûts du soutien militaire, elle voudra peut-être poursuivre sa politique actuelle. Dans ce cas, Poutine devra peut-être accepter qu’il devienne encore plus faible, ce qui sera donc un fardeau plus lourd. Si cette situation devient insoutenable, Pékin devra peut-être jouer un rôle plus clair en faveur de Moscou. Cela signifierait une confrontation entre l’Occident et la Russie et la Chine, et le "plan de paix" de la Chine resterait sur le papier.
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