Crédit Photo : ALAIN JOCARD / AFP
L'ambassadeur de France pour les sports, Samuel Ducroquet, pose lors d'une séance photo à Paris le 21 juin 2024.
Avec une centaine de chefs d'Etat et de gouvernement attendus à l'ouverture des Jeux Olympiques, le Quai d'Orsay est en première ligne pour faire de l'événement un outil de rayonnement de la France dans le monde, affirme Samuel Ducroquet, l'ambassadeur français pour le sport.
Ancien conseiller politique à l'ambassade de France à Doha (Qatar) et ex-attaché olympique auprès de l'ambassade au Japon avant les JO de Tokyo 2020, ce diplomate de formation travaille depuis des mois pour que le ballet diplomatique se déroule sans faux pas protocolaire.
Les JO-2024 (26 juillet - 11 août) vont braquer les projecteurs non seulement sur Paris mais sur l'ensemble du territoire français.
"En terme de rayonnement et d'image à l'international, c'est un point sur lequel il faut absolument capitaliser"
, souligne cet ambassadeur unique en son genre, en l'absence de véritable homologue dans le monde.
"Au lendemain des JO de Londres, on a réalisé la vitrine qu'avait représenté Londres sur la scène internationale et reconnu l'impératif pour la France de gagner en influence (...) par le sport"
, raconte-t-il.
La fonction d'ambassadeur pour le sport est alors créée en 2014.
"C'était une manière de reconnaître l'ampleur du phénomène sportif"
sur les plans politique, économique, sociétal et culturel, poursuit-il.
Au moment de l'ouverture des JO, sa préoccupation première sera l'accueil
"des dignitaires internationaux"
, soit
"une grosse centaine de chefs d'Etat et de gouvernement"
et
"quelque 140 ministres des Sports".
Le Quai d'Orsay a l'expérience des grands sommets internationaux. Mais la durée des JO et leur localisation sur plusieurs sites, parfois éloignés, génère des contraintes extrêmement fortes, auxquelles s'ajoutent celles imposées par le Comité international olympique.
Le CIO n'autorise, par exemple, qu'une poignée d'accréditations par délégation de dignitaires, et, sur les lieux de compétitions, la règle est celle du
"premier arrivé, premier servi"
, sans aucune exception, chefs d'Etat ou non.
Pour éviter
, Samuel Ducroquet et son équipe ont créé
"un centre de coordination du protocole"
,
"une espèce de tour de contrôle des déplacements de tous les chefs d'Etat et de gouvernement qui se rendront d'un site à l'autre, soit pour des entretiens bilatéraux, (...) soit pour assister aux épreuves".
Quelque 185 diplomates du ministère des Affaires étrangères ont été spécialement recrutés comme
, pour
"faciliter les modalités de leurs arrivées et de leurs transferts sur les sites de compétition pendant l'intégralité des Jeux"
, explique-t-il.
Les JO, c'est
"tout un tas d'opportunités en termes d'échanges bilatéraux (...) formels ou informels"
, estime le diplomate.
"Pendant les Jeux, on va accélérer le temps"
, dit-il. Car
"en l'espace de quinze jours, on va (...) faire l'équivalent de plusieurs mois de déplacements internationaux"
grâce à la présence simultanée de fédérations internationales, ministres des Sports ou ONG, qui organiseront de nombreuses conférences et tables rondes.
Les yeux tournés vers l'après JO, Samuel Ducroquet n'oublie pas sa mission plus générale: mettre le réseau mondial des ambassades et des consulats français au service du mouvement sportif français, permettre aux entreprises de profiter des opportunités liées aux grands événements sportifs mais aussi faire davantage de coopération bilatérale.
A titre d'exemple, Samuel Ducroquet cite les projets d'académies du sport, via l'Agence française de développement, au Sénégal pour accompagner la formation au judo qui s'avère aussi
"un vecteur de développement".
La France aide aussi la Fédération irakienne de football à développer sa filière féminine grâce à la Fédération française de football et l'ambassade de France à Bagdad, dit-il.
Pour autant,
"il ne faut pas voir le sport ou la diplomatie sportive comme une diplomatie alternative"
, mais comme un complément s'ajoutant aux canaux traditionnels de coopération, souligne l'ambassadeur.
Le sport permet néanmoins
"de garder un contact fort avec la société civile, avec la jeunesse, avec la population au sens large"
, note-t-il. Y compris dans des pays avec qui les relations sont difficiles.
Au Burkina Faso, le ministère des Affaires étrangères français a ainsi financé des programmes soutenant le rugby à sept, avec à la clé des entraînements en France dans la perspective d'un tournoi de qualification pour Paris-2024. Une façon de garder le lien entre les deux pays, même si les Burkinabè ne se sont au final pas qualifiés pour les Jeux.
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