Varsovie veut suspendre partiellement le droit d'asile

14:4813/10/2024, dimanche
MAJ: 13/10/2024, dimanche
AFP
Le chef du gouvernement polonais Donald Tusk annonce qu'il veut suspendre partiellement le droit d'asile pour les migrants qui entrent illégalement dans son pays et qu'il demandera à l'UE d'avaliser cette mesure, le 12 octobre 2024.
Crédit Photo : Damien SIMONART / AFPTV / AFP
Le chef du gouvernement polonais Donald Tusk annonce qu'il veut suspendre partiellement le droit d'asile pour les migrants qui entrent illégalement dans son pays et qu'il demandera à l'UE d'avaliser cette mesure, le 12 octobre 2024.

Le chef du gouvernement polonais Donald Tusk a annoncé samedi qu'il voulait suspendre partiellement le droit d'asile pour les migrants qui entrent illégalement dans son pays et qu'il demanderait à l'UE d'avaliser cette mesure.

Lors d'un discours au cours d'un rassemblement de son mouvement Coalition civique, il a assuré que la Pologne allait lutter
"sans merci"
contre l'immigration illégale, afin de
"rétablir le contrôle"
sur les migrations et
"assurer la sécurité"
en Pologne.

"Je dis tout haut aujourd'hui que parmi les éléments de la stratégie de migration figurera la suspension territoriale temporaire du droit d'asile"
, a-t-il affirmé, précisant vouloir demander à l'Europe de
"reconnaître"
cette décision.

Le Premier ministre, qui devait présenter samedi sa stratégie migratoire, a reporté cette annonce pour mardi, à l'occasion d'une réunion de son gouvernement. 


"Nous savons très bien comment (le dirigeant bélarusse Alexandre) Loukachenko, (Vladimir) Poutine, les passeurs et trafiquants d'êtres humains, l'utilisent (le droit d'asile, ndlr). La manière dont ce droit d'asile est utilisé va exactement à l'encontre de l'essence du droit d'asile".

"Nous n'allons respecter ou appliquer aucune idée européenne qui (...) enfreigne notre sécurité, et je pense ici au pacte sur la migration",
a martelé M. Tusk.

La Pologne, membre de l'Otan et de l'Union européenne (UE), accuse Moscou et Minsk d'organiser cet afflux de migrants dans le cadre d'une attaque
"hybride"
destinée à déstabiliser la région et toute l'UE, une accusation rejetée par le régime bélarusse. 

En mai, la Pologne a annoncé qu'elle dépenserait plus de 2,3 milliards d'euros pour renforcer la frontière polono-bélarusse qui marque la limite orientale de l'UE.


"La Pologne doit être un pays sûr. Les Polonaises et les Polonais doivent se sentir libres. En sécurité et libres dans leur propre pays. D'où l'importance de notre politique migratoire",
a insisté M. Tusk, ancien chef du Conseil européen.

Il a reproché à ses prédécesseurs nationalistes
"l'absence de contrôle réel et le chaos de la politique migratoire",
en les accusant d'avoir créé un système
"basé en partie sur la corruption",
qui a permis
"à des centaines de milliers de personnes originaires d'Asie ou d'Afrique"
de passer en Pologne.

M. Tusk a annoncé qu'il allait mener une politique d'immigration contrôlée par l'Etat.


"L'État est là pour veiller à ce que viennent en Pologne des personnes qui veulent y travailler honnêtement, payer des impôts, s'intégrer dans la société polonaise et étudier"
réellement, a ajouté le Premier ministre.

Pour des raisons démographiques la Pologne risque de souffrir à l'avenir d'un manque de main d'oeuvre important, selon des experts.

Mercredi, Varsovie et Prague ont réclamé ensemble un durcissement de la politique migratoire européenne, prônant une
"version plus stricte et différente du pacte sur la migration"
de l'UE, adopté le 14 mai, et qui doit entrer en vigueur mi-2026.

Terres d'accueil de nombreux réfugiés ukrainiens, et en proie à une pression migratoire, Varsovie et Prague demandent une meilleure protection des frontières externes de l'UE, et critiquent la restauration de frontières internes comme l'a fait l'Allemagne.

Varsovie et Prague avaient annoncé ensemble qu'ils demanderaient
"un débat très sérieux, politique, sur les migrations"
à Bruxelles, et ce dès la prochaine réunion du Conseil européen, mi-octobre. 

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