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Des résidents étrangers en Tunisie ont appelé à ne pas faire incomber à l'ensemble des immigrants la responsabilité du meurtre d'un jeune tunisien, la semaine passée, par des immigrants irréguliers dans la ville de Sfax (sud).
Le lundi de la semaine passée, la ville de Sfax a été le théâtre d’une tension aigue, qui s'est aggravée avec l’éclatement de violents affrontements qui ont opposé des habitants de la ville à des groupes d’immigrants qui y résident, sur fond du meurtre d'un tunisien du nom de Nizar Amri (40 ans) par des immigrants irréguliers.
Après le meurtre de Amri, des affrontements et des actes de violence se sont enclenchés dans la ville. Des barricades ont été installées et des pneus ont été incendiés et des affrontements avec les forces de l'ordre ont éclaté, au moment où les organisations non gouvernementales ont appelé à garantir la sécurité aussi bien des immigrants que des Tunisiens.
Après ces incidents, des centaines d'immigrants ont quitté Sfax en direction d'autres provinces tunisiennes, tandis que d'autres se sont réfugiés dans un parc en face d'une mosquée de la ville, et ce après qu'ils aient été expulsés de leurs domiciles et de leurs emplois.
La ville de Sfax souffre de l'installation d'un grand nombre d'immigrants irréguliers, originaires de pays subsahariens, qui souhaitent traverser les frontières maritimes en direction de l'Europe.
Depuis une certaine période, la Tunisie connaît une augmentation du phénomène de l'immigration irrégulière envers l'Europe, en particulier vers les rives italiennes, sur fond des retombées des crises socio-économiques dans ce pays d'Afrique du Nord et dans d'autres pays africains.
Responsabilité individuelle
S’agissant des actes de violence qui ont éclaté après le meurtre du jeune tunisien dans la ville, Ibrahim Agogo, un immigrant d'origine ghanéenne a souligné :
"Je suis extrêmement triste de ce qui nous a été fait. Nous avons été expulsés de nos maisons et privés de nos emplois. Il ne faut pas faire incomber la responsabilité du meurtre du jeune tunisien à l'ensemble des immigrants".
Dans une déclaration faite au correspondant de AA, Agogo a indiqué :
"Je veux retourner à mon domicile que j'ai loué en compagnie d'amis dans la province de Sfax et je veux reprendre mon travail. Nous n'avons plus de sources de revenus, ni de domicile, à l’exception du parc de la mosquée Ellakhmi, et certaines aides que nous sont acheminées par des citoyens tunisiens".
De son côté, Beryan Akofo, un immigrant camerounais, a mis en garde que
"la situation s'aggravera davantage au cours des prochains jours, si notre destin demeurera incertain",
appelant les organisations concernées par la défense des droits de l'homme à se mobiliser pour identifier des solutions aux problèmes des immigrants dans la région.
Akofo a déclaré à AA :
"Nous voulons vivre en liberté à l'instar des autres personnes et nous regrettons le fait que des formes de discrimination et de racisme ont été exercées à notre encontre dans un pays africain. Nous réclamons notre droit de vivre en Tunisie et d'y travailler".
Et le camerounais de poursuivre :
"Si une opportunité se présente pour accéder au territoire européen, je le ferai sans la moindre hésitation, dans la mesure où dans ce continent, nous trouverons la liberté et le travail, et c'est là-bas que je pourrais collecter l'argent et réaliser le rêve que je caressais et que j'ai perdu dans mon pays".
Jeudi, le Parti du "Courant démocratique" (opposition), a appelé à
"rejeter le racisme et à ne pas s'engager dans la spirale des discours de la haine qui sont criminalisés et à faire preuve de retenue après les événements qui ont récemment secoué la ville de Sfax".
L'activiste de la société civile, Zied Mellouli, a déclaré :
"Nous ne sommes pas racistes et nous n'avons pas de problèmes avec les Africains résidant à Sfax légalement, d'autant plus que nous partagions avec eux des années durant leurs heurs et malheurs, mais la croissance de leur nombre de manière notoire et inacceptable menace désormais la paix sociale".
Et Mellouli de poursuivre :
"Ce qui nous fait peur compte tenu de la grande affluence des immigrants, c'est la propagation de maladies, telles que la tuberculose et le Sida et c'est ce qui a été confirmé par le délégué régional de la Santé à Sfax".
L'activiste tunisien a interpellé les autorités de son pays pour
"surveiller les frontières et rétablir le visa aux ressortissants des pays subsahariens afin de résoudre ce problème".
Après ces actes de violence qui ont éclaté dimanche de la semaine passée, le président tunisien Kais Saied a évoqué la situation à Sfax, en indiquant que
"notre pays n'accepte pas qu’un résident s’établit sur son territoire sans respecter ses lois, ni d’être un pays de transit (vers l’Europe) ni un pays de colonisation de citoyens de certains pays africains".
Saied a relevé que
"des bandes criminelles sont responsables des opérations d'immigration clandestine vers Sfax",
selon un communiqué diffusé par la présidence tunisienne.
La ville de Sfax représente un point important pour les immigrants irréguliers afin d'atteindre l'île italienne de Lampedusa, distante de 130 km des côtes tunisiennes.
La Tunisie fait face à des pressions européennes recrudescentes exercées pour assurer une plus grande surveillance sur côtes et pour empêcher le départ des embarcations d’immigrants.
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