Philippines: des conducteurs de jeepney protestent contre la mise au rancard de leur véhicule

18:5016/01/2024, mardi
MAJ: 16/01/2024, mardi
AFP
Un jeepney de passagers passe le long d'une rue de Navotas dans la banlieue de Manille, le 16 juillet 2020.
Crédit Photo : Ted ALJIBE / AFP (Archive)
Un jeepney de passagers passe le long d'une rue de Navotas dans la banlieue de Manille, le 16 juillet 2020.

Des conducteurs philippins de jeepney ont manifesté bruyamment mardi dans la capitale Manille contre la mise au rancard progressive de ces moyens de transport populaire polluants pour les remplacer par des minibus modernes.

Les jeepneys fabriqués initialement à partir de jeeps américaines abandonnées après la Deuxième Guerre mondiale sont un symbole national aux Philippines et le principal mode de transport en commun du pays.


Des millions de Philippins les utilisent chaque pour 13 pesos (21 centimes) le trajet.


Un convoi d'une cinquantaine de jeepneys a traversé Manille pour protester contre le projet d'éliminer progressivement ces véhicules, lancé en 2017, pour améliorer les transports publics du pays. Des manifestations ont eu lieu dans d'autres villes du pays.

La réforme a connu plusieurs retards, en raison de manifestations et de la pandémie de Covid-19.


Les conducteurs de jeepney avaient jusqu'à fin 2023 pour adhérer à une coopérative, qui remplacera en deux à trois ans leur flotte par des véhicules modernes, plus sûrs et moins polluants. Les coopératives peuvent avoir des prêts bancaires et une subvention comprise entre 200.000 et 300.000 pesos par véhicule pour aider à la transition.


Mais les opposants à la réforme affirment que rejoindre une coopérative et acheter un nouveau véhicule les endettera et qu'ils ne seront pas en mesure de gagner suffisamment d'argent pour survivre. Ils contestent aussi un nouveau système d'horaires fixe.


"Nous ne sommes pas contre la modernisation, mais contre ce système. On a conçu un programme sans nous consulter"
, indique Emilio Millares, un manifestant de 59 ans, qui conduit une jeepney depuis quatre décennies.

Nous continuerons à nous battre pour ces jeepneys et nos gagne-pain jusqu'à notre dernier souffle.

Restituto Rocafort explique qu'il a presque remboursé son jeepney et que le nouveau projet lui imposerait
"une énorme dette"
. Il lui faudrait gagner 7.000 pesos par jour pour participer à la coopérative, contre 600 à 700 pesos actuellement, indique-t-il.

Près de 77% des conducteurs de jeepney ont rejoint des coopératives dans le pays, selon le bureau des transports, les autres ayant un répit jusqu'au 31 janvier. Des conducteurs plus âgés, comme Artemio Cinco, 55 ans, craignent d'avoir du mal à trouver un emploi.


"Je perds le sommeil, surtout maintenant que le délai de grâce se termine dans quelques jours"
, dit-il.
"J'ai huit enfants et de nombreux petits-enfants. Tous dépendent de moi"
.

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