Nicaragua: 94 opposants en exil déclarés "traîtres à la Nation"

10:5216/02/2023, jeudi
AFP
Les Nicaraguayens vivant en exil au Costa Rica célèbrent à San Jose, le 9 février 2023, après que le Nicaragua a libéré plus de 200 membres de l'opposition détenus et les avoir expulsés aux États-Unis. 
Crédit : Oscar NAVARRETE / AFP
Les Nicaraguayens vivant en exil au Costa Rica célèbrent à San Jose, le 9 février 2023, après que le Nicaragua a libéré plus de 200 membres de l'opposition détenus et les avoir expulsés aux États-Unis. Crédit : Oscar NAVARRETE / AFP

Un tribunal du Nicaragua a déclaré mercredi 94 personnalités de l'opposition vivant en exil, dont l'écrivain et ancien vice-président Sergio Ramirez, de "traîtres à la Nation", déchéance de nationalité à la clé.

Outre M. Ramirez, qui fut vice-président de Daniel Ortega dans les années 1980 et vit en exil en Espagne, cette mesure judiciaire concerne l'évêque catholique Silvio José Baez, les ex-guérilleros sandinistes Luis Carrion et Monica Baltodan, l'écrivain Gioconda Belli et la militante des droits de l'homme Vilma Nuñez.



Le président de la cour d'appel de Managua, Ernesto Rodriguez Mejia, a lu à la presse pro-gouvernementale la résolution déclarant la déchéance de la nationalité nicaraguayenne pour ces 94 personnes, considérées comme étant
"des malfaiteurs en fuite"
.


"Les accusés ont réalisé et continuent de perpétrer des actes criminels au détriment de la paix, de la souveraineté, de l'indépendance et de l'autodétermination du peuple nicaraguayen, en incitant à la déstabilisation du pays, en favorisant des blocus économiques, commerciaux et financiers, le tout au détriment de la paix et du bien-être de la population"
, selon le magistrat.


"Pour ces raisons, ils ne peuvent être considérés comme des citoyens nicaraguayens"
, a-t-il ajouté.


La liste des personnes sanctionnées comprend également des hommes politiques de différents partis et formations d'opposition, d'anciens fonctionnaires, d'ex-guérilleros, des militants d'ONG et des journalistes d'opposition. 



"Les accusés sont considérés comme des traîtres à la patrie et sont donc également soumis à l'interdiction à perpétuité d'exercer des fonctions publiques"
et mandats électifs, a déclaré le juge. 


La semaine dernière, le gouvernement nicaraguayen avait libéré et expulsé dans la foulée vers les Etats-Unis 222 prisonniers également déchus de leur nationalité et de leurs droits civiques. 



Près de 200 entités (ONG, associations, organisations humanitaires) ont été à ce jour dissoutes par les autorités nicaraguayennes depuis la crise ouverte en 2018 par les manifestations contre le gouvernement de Daniel Ortega qui ont fait au moins 355 morts, selon la Commission interaméricaine des droits de l'Homme (CIDH).



Le gouvernement accuse les ONG dissoutes de recevoir des fonds de l'étranger pour fomenter un coup d'Etat avec le soutien des Etats-Unis.



Daniel Ortega, un ex-guérillero sandiniste âgé de 76 ans a été élu en novembre 2021 pour un quatrième mandat consécutif lors d'un scrutin d'où étaient absents tous ses adversaires potentiels de poids, ceux-ci ayant été arrêtés ou contraints à l'exil.


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