Trump ferme la frontière sud, les étrangers se replient sur le Mexique

08:3929/01/2025, mercredi
AFP
Des marines américains du 1er bataillon du génie de combat, 1ère division de marines, installant des fils de concertina le long de la frontière sud avec le Mexique près de San Ysidro, Californie, le 25 janvier 2025.
Crédit Photo : KYLE CHAN / US DEPARTMENT OF DEFENSE / AFP
Des marines américains du 1er bataillon du génie de combat, 1ère division de marines, installant des fils de concertina le long de la frontière sud avec le Mexique près de San Ysidro, Californie, le 25 janvier 2025.

"Un coup au coeur", c'est ce que la Cubaine Arianne Dominguez a ressenti lorsque le président Donald Trump a fermé les portes des États-Unis au nez des demandeurs d'asile quelques minutes après son investiture le 20 janvier.

Dominguez, 24 ans, a vu ses espoirs et ceux de sa famille à Cuba s'évanouir lorsque le 47e président des Etats-Unis a supprimé l'application mobile CBP One, qui permettait aux migrants de prendre rendez-vous pour leur demande d'asile à distance. 


"J'étais sous le choc, puis j'ai pensé à ma famille à Cuba qui espérait que je puisse rejoindre les Etats-Unis", a raconté à l'AFP la jeune femme devant un bureau de la Commission mexicaine d'assistance aux réfugiés (Comar) à Naucalpan, dans la banlieue de Mexico.

"Ensuite, j'ai dû penser au plan B car il y avait beaucoup de stress et de désespoir", a-t-elle ajouté. L'alternative consiste à demander le statut de réfugiée au Mexique et à valider ses études de tourisme.

Comme elle, de nombreux migrants cherchent désormais refuge au Mexique, de Tapachula, à la frontière sud, à Tijuana, à la frontière nord, en passant par Mexico. 

"Au milieu de nulle part"


"Nous avons finalement choisi le Mexique, ça nous plaisait beaucoup et pour l'instant nous voulons le faire de la meilleure façon possible, en toute légalité, pour ne pas rester sans papiers", explique Juan Carmona, Vénézuélien de 50 ans qui voyage avec sa femme avocate.

Devant les files d'attente, un Vénézuélien vend des tequeños (petits pains de maïs), tandis que les voisins offrent de la nourriture et des toilettes à ceux qui attendent dans la file pour régulariser leur statut. 


Dans les immeubles avoisinants, quelques panneaux proposent du travail: "Vous savez conduire ? Nous avons une place pour vous comme chauffeur".

Plus de risques


Tout au sud, Tapachula à la frontière avec le Guatemala est la porte d'entrée au Mexique pour les candidats à une vie meilleure.

Au siège de la Comar locale, de files de réfugiés attendent sous le regard des militaires qui gardent les lieux. 


Beaucoup avaient déjà des rendez-vous confirmés sur CBP One, comme le Cubain José Ricardo Moreno, qui devait se présenter à un poste frontière américain le 2 février.


"Nous sommes toujours là pour voir si nous pouvons travailler (...) ou gagner notre vie", raconte Moreno, 60 ans, qui voyage avec sa femme et sa fille de 22 ans.

Son compatriote Janqui Martin, un médecin de 43 ans qui a laissé sa femme et sa fille de 12 ans sur l'île, explique:


Le Mexique nous a accueillis, nous a ouvert ses portes et nous avons la possibilité de travailler.

Une caravane d'un millier d'étrangers est récemment partie de Tapachula avec l'espoir de marcher vers la frontière nord et d'entrer aux Etats-Unis.


La frontière se trouve à plus de 4.000 km au nord. Dans des villes frontalières comme Tijuana, les étrangers ne pensent même plus à traverser clandestinement. Dans son offensive anti-immigrés, Trump a ordonné le renforcement de la frontière sud des Etats-Unis avec 1.500 soldats.

"Je ne prendrais pas ce risque. J'ai pris beaucoup de risques, j'ai vécu beaucoup de choses, je pense que traverser illégalement la frontière n'est pas conseillé", déclare Shakira Chaparro, Vénézuélienne de 29 ans.

"La meilleure option est de rester ici, de trouver un moyen d'obtenir un permis de séjour pour un certain temps, ou de retourner dans notre pays", ajoute la jeune femme devant un refuge de Tijuana, tout près du pays de ses rêves.

Au cours de sa première semaine au pouvoir, le président américain a expulsé des milliers de migrants vers le Guatemala, le Mexique, la Colombie et le Brésil, même si dans le cas du Mexique les chiffres se situent dans la moyenne habituelle.

Les autorités mexicaines ont aménagé des centres d'accueil pour les Mexicains qui seront expulsés par Trump des Etats-Unis.


En 2024, le Mexique a accordé l'asile à quelque 26.855 étrangers, selon les chiffres officiels. La présidente Claudia Sheinbaum a envisagé cette semaine d'activer un programme spécial d'hébergement si nécessaire. 

Elle s'est également engagée à fournir une protection humanitaire aux étrangers expulsés par les États-Unis et à les rapatrier - s'ils le demandent - en coordination avec leurs gouvernements respectifs. 


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