Japon: élections législatives compliquées en vue pour le nouveau Premier ministre

17:2024/10/2024, Perşembe
MAJ: 24/10/2024, Perşembe
AFP
Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba arrivant pour un discours de campagne électorale en soutien au candidat du Parti libéral démocrate dans la ville de Sakai, préfecture d'Osaka, le 20 octobre 2024.
Crédit Photo : Philip FONG / AFP
Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba arrivant pour un discours de campagne électorale en soutien au candidat du Parti libéral démocrate dans la ville de Sakai, préfecture d'Osaka, le 20 octobre 2024.

Les Japonais sont appelés aux urnes dimanche pour des élections législatives anticipées, convoquées par le nouveau Premier ministre Shigeru Ishiba afin de consolider sa légitimité.

Toutefois, son parti, impopulaire en raison de l'inflation et de scandales, pourrait peiner à remporter une majorité absolue.M. Ishiba, 67 ans, a pris ses fonctions début octobre après avoir été élu à la tête du Parti libéral-démocrate (PLD, droite conservatrice), formation au pouvoir quasiment sans interruption au Japon depuis 1955, mais minée ces dernières années par l'inflation et les scandales politico-financiers.


Il a provoqué des législatives anticipées dans la foulée pour asseoir sa légitimité.


"Il s'agit d'une élection extrêmement difficile. Nous devons faire face à des vents contraires sans précédent"
, a admis le dirigeant la semaine dernière lors d'un déplacement de campagne.

Les 465 sièges de la chambre basse du Parlement seront renouvelés à l'issue du scrutin, auquel participent 1.344 candidats, dont un nombre record de femmes, même si elles ne représentent encore que 23 % des prétendants dans un pays en proie à de fortes inégalités de genre.

La coalition formée par le PLD et son partenaire du Komeito (centre droit) possédait dans l'assemblée sortante une confortable majorité avec 288 sièges, mais la "lune de miel" politique sur laquelle comptait M. Ishiba pourrait avoir un arrière-goût amer.


Inflation et scandale financier


Son gouvernement ne recueille qu'un taux d'approbation de 33 %, selon un sondage réalisé le week-end dernier pour le quotidien Asahi, contre 39 % de mécontents. Conséquence, selon le journal, le PLD et le Komeito risquent de perdre leur majorité.


Dans tous les cas,
"l'écart de sièges va se réduire entre le PLD et l'opposition, et une nouvelle situation émergera dans la politique japonaise après l'élection"
, estime Masato Kamikubo, professeur de politique à l'université Ritsumeikan.

M. Ishiba, qui aspire à consolider son mandat afin d'appliquer son programme de renforcement de la sécurité et de la défense, de soutien accru aux ménages à faibles revenus et de revitalisation des campagnes japonaises, s'est ainsi fixé l'objectif modeste de conquérir 233 sièges (seuil de la majorité absolue) avec son partenaire de coalition.


Mais l'inflation en nette hausse au Japon depuis 2022 et la baisse du pouvoir d'achat, motif de mécontentement des Japonais et d'impopularité pour Fumio Kishida, le prédécesseur de M. Ishiba, risque de peser sur l'élection, avertit M. Kamikubo.

Le parti paie aussi dans l'opinion le prix d'un vaste scandale politico-financier, plusieurs dizaines de ses membres ayant été sanctionnés en interne pour avoir omis de déclarer l'équivalent de plusieurs millions d'euros, récoltés via la vente de billets pour des soirées de levées de fonds, et que le PLD leur a ensuite reversés.


M. Ishiba est également critiqué pour avoir fait marche arrière sur plusieurs sujets depuis son élection: il se montre désormais beaucoup plus prudent sur le débat concernant la possibilité pour un couple marié de ne pas porter le même nom de famille, un changement contre lequel les conservateurs sont vent debout.


Ishiba menacé au sein du PLD


Une perte de majorité par le PLD à la chambre basse du Parlement serait une première depuis 2009, année où il avait dû s'incliner face à l'opposition de centre gauche, avant de revenir au pouvoir en 2012.

Le Parti démocratique constitutionnel (PDC), héritier de la formation au pouvoir pendant ces trois années et principale force d'opposition parlementaire avec 99 sièges avant la dissolution, est dirigé par Yoshihiko Noda, qui a occupé le poste de Premier ministre en 2011-2012.


"Une majorité de Japonais font confiance à M. Noda", dont le positionnement "n'est pas si différent de celui du PLD. C'est fondamentalement un conservateur, à la politique très pragmatique"
, souligne Masato Kamikubo.

Une victoire du PDC est cependant
"difficile car l'opposition est très divisée"
, ajoute-t-il.

Shigeru Ishiba, qui n'avait remporté que d'une courte tête la course à la présidence du PLD face à sa rivale ultraconservatrice Sanae Takaichi, est également menacé de l'intérieur de son parti, et ce
"quelle que soit l'issue des élections"
, estime Rintaro Nishimura, spécialiste de politique japonaise du cabinet de conseil The Asia Group.

Selon lui, M. Ishiba
"pourrait avoir des difficultés à consolider le PLD en raison de la faible base de pouvoir dont il dispose" au sein du parti, où "des voix vont s'élever pour remettre en question une grande partie de son action"
, avant des élections à la chambre haute prévues l'an prochain.

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