Indonésie: arrivée de 200 nouveaux réfugiés rohingyas, le HCR demande des abris

11:2722/11/2023, mercredi
MAJ: 22/11/2023, mercredi
AFP
Des réfugiés rohingyas nouvellement arrivés se reposent sur une plage de l'île de Sabang en Indonésie, le 22 novembre 2023. Crédit photo: CHAIDEER MAHYUDDIN / AFP
Des réfugiés rohingyas nouvellement arrivés se reposent sur une plage de l'île de Sabang en Indonésie, le 22 novembre 2023. Crédit photo: CHAIDEER MAHYUDDIN / AFP

Plus de 200 nouveaux réfugiés rohingyas sont arrivés dans la province d'Aceh, dans l'Ouest de l'Indonésie, a indiqué mercredi le HCR, qui face à l'arrivée de plus d'un millier de réfugiés en une semaine et à l'hostilité des habitants, demande aux autorités de les accueillir.

Dans la nuit de mardi à mercredi, quelque 219 réfugiés, dont 91 femmes et 56 enfants, ont débarqué sur une plage de l'île de Sabang, à l'extrémité de la grande île de Sumatra, selon les autorités locales et l'agence de l'ONU pour les réfugiés (HCR).


Cela porte à plus de mille le nombre de Rohingyas arrivés en une semaine par la mer dans la province d'Aceh.

"Le maire nous a informés du débarquement de 200 personnes"
, a précisé dans la nuit à l'AFP Faisal Rahman, qui collabore avec le HCR.

Minorité musulmane, les Rohingyas sont persécutés en Birmanie et des milliers d'entre eux risquent chaque année leur vie lors de longs et coûteux voyages en mer, souvent à bord d'embarcations de fortune, pour tenter d'atteindre la Malaisie ou l'Indonésie.


Comme la semaine dernière, où des habitants d'Aceh ont refoulé à plusieurs reprises un bateau en provenance du Bangladesh, des membres de la communauté locale ont menacé de renvoyer en mer ces réfugiés qui ont passé la nuit sur la plage.


Mardi, un groupe de 256 réfugiés arrivés il y a quelques jours et d'abord refoulés par les habitants dans le district de Bireuen, a été conduit dans un centre d'immigration temporaire.


"Virus du rejet"


"La situation sur le terrain n'est pas bonne actuellement. Le virus du rejet s'est propagé à tout le monde",
a déclaré mercredi M. Rahman.

"Nous avons connu 15 jours de souffrances en pleine mer"
, a témoigné auprès de l'AFP Abdul Rahman, adolescent réfugié de 15 ans.

Nous sommes très inquiets maintenant. Nous ne voulons aller nulle part ailleurs, nous voulons seulement rester dans ce pays.

De nombreux habitants d'Aceh, qui ont eux-mêmes enduré des décennies de conflits sanglants, ont longtemps été sensibles au sort de cette minorité musulmane. Mais certains se plaignent désormais de l'arrivée de Rohingyas consommant leurs ressources déjà limitées et entrant parfois en conflit avec la population locale.


M. Rahman a indiqué que le HCR avait demandé au maire de Sabang de trouver un abri pour ces réfugiés.

L'agence de l'ONU a ensuite négocié un délai avant que les réfugiés ne soient repoussés vers la mer. La communauté locale exige de son côté que les réfugiés soient déplacés immédiatement, a ajouté M. Rahman.


"Nous travaillons à convaincre le gouvernement de désigner un abri temporaire"
, a-t-il déclaré, alors qu'une équipe du HCR est arrivée à Sabang mercredi matin, pour tenter de s'assurer que les derniers arrivants recevaient un traitement adéquat.

"Il y a de grandes chances qu'ils (les responsables locaux) déplacent la communauté pour les repousser vers la mer, mais espérons que cela n'arrive pas",
a-t-il ajouté.

Le Bangladesh abrite environ un million de membres de cette minorité musulmane apatride, dont quelque 750.000 ont fui la Birmanie en 2017.


Selon le HCR, plus de 2.000 Rohingyas ont tenté en 2022 la difficile traversée vers l'Indonésie ou la Malaisie et 200 sont morts ou portés disparus.

L'Indonésie n'est pas signataire de la Convention des Nations Unies sur les réfugiés et affirme qu'elle n'est pas obligée d'accueillir ces réfugiés, stigmatisant les pays voisins qui leur ont fermé leurs portes.


Mais les groupes de défense des droits humains estiment que Jakarta devrait faire davantage pour aider dans le cadre d'autres conventions internationales.


"Ces conventions obligent également l'Indonésie à sauver ceux qui sont en danger en mer"
, a déclaré à l'AFP Usman Hamid, directeur exécutif d'Amnesty International Indonésie. De plus, il a ajouté:

La dernière vague de réfugiés montre qu'il existe une urgence et que les Rohingyas vivent une crise humanitaire.

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