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La Bourse de Paris plongée dans l'incertitude après l'annonce de la dissolution de l'Assemblée

L'annonce surprise d'élections législatives dans trois semaines en France a provoqué une brusque chute de la Bourse de Paris, plongée dans l'incertitude face à l'hypothèse d'une arrivée de l'extrême droite au gouvernement français.

16:17 - 10/06/2024 lundi
AFP
Dès l'ouverture de séance, l'indice vedette de la Bourse de Paris, le CAC 40 a décroché de 2,37%. Vers 12H15 (10H15 GMT), il s'inscrivait en baisse de 2,01%.
Crédit Photo : MIGUEL MEDINA / AFP
Dès l'ouverture de séance, l'indice vedette de la Bourse de Paris, le CAC 40 a décroché de 2,37%. Vers 12H15 (10H15 GMT), il s'inscrivait en baisse de 2,01%.

La perspective d'une potentielle arrivée au pouvoir en juillet du Rassemblement national, qui a triomphé dimanche aux élections européennes, faisait en outre grimper les taux d'emprunt de l'État français.


Les marchés financiers n'aiment pas le flou. Or
"les derniers événements créent de l'incertitude à un moment où les derniers résultats, économiques comme budgétaires, sont assez médiocres",
explique Bruno Cavalier, chef économiste d'Oddo BHF.

Il y a dix jours, la France avait vu sa note de crédit dégradée d'un cran par l'agence de notation S&P, qui avait sanctionné l'aggravation des déficits publics du pays et ne croyait pas à la promesse d'un rétablissement des comptes d'ici la fin du mandat d'Emmanuel Macron en 2027.

Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France, renchérit auprès de l'AFP:


On pensait que la fin du mandat présidentiel serait normale, on n'imaginait pas un tel scénario et une telle prise de risque.

Avec la dissolution, Emmanuel Macron fait
"un pari extrêmement risqué"
, estime l'historien Jean Garrigues.
"Ces élections vont mettre les Français devant le fait accompli: est-ce qu'on veut un gouvernement RN?".

Sur la radio RTL lundi, le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire a estimé:


C'est l'élection législative qui aura les conséquences les plus lourdes pour la France, pour les Français, de l'histoire de la Ve République.

Dès l'ouverture de séance, l'indice vedette de la Bourse de Paris, le CAC 40 a décroché de 2,37%. Vers 12H15 (10H15 GMT), il s'inscrivait en baisse de 2,01%.

"Les investisseurs prennent conscience de la possibilité d'un virage décisif de la France vers la droite",
commente Neil Wilson, analyste de Finalto. Il est cependant peu probable que le RN obtienne la majorité à l'Assemblée nationale, selon les analystes. 

Au niveau européen, les investisseurs s'inquiètent du
"poids de la France au sein de l'Union européenne",
explique Alexandre Baradez, avec en guise de première force politique un parti qui défend dans son programme
"une Europe des nations". 

Cette crainte tirait vers le bas la devise européenne: l'euro se dépréciait de 0,57% face au dollar à 1,0739 dollar pour un euro vers 12H15.


Pas de panique


Signe d'une
"défiance qui s'opère envers la France"
, les taux auxquels l'État français emprunte sur les marchés financiers progressent, observe Alexandre Baradez. 

Ce taux d'intérêt pour les emprunts à échéance dix ans montait à 3,19% vers 12H00, au plus haut depuis fin novembre, contre 3,10% à la clôture de vendredi.

L'écart entre ce taux français et l'équivalent allemand (jugé comme la dette souveraine la plus sûre de la zone euro) s'est accru lundi, or cet écart - appelé
"spread"
- est un indicateur de la confiance des investisseurs.

Pour autant,
"ce n'est pas la panique"
, souligne Alexandre Baradez. L'écart
"a augmenté de 6 points de base ce matin"
pour atteindre
"un niveau pas vu depuis décembre-janvier".

Pour M. Baradez,
"le message du RN n'est pas le même que celui de Macron"
sur le plan économique avec d'un côté un
"patriotisme économique"
et la renationalisation des autoroutes et de l'autre côté des efforts pour attirer les investisseurs étrangers et favoriser l'innovation. 

Les actions de Vinci et Eiffage, qui gèrent une partie des autoroutes françaises via des contrats de concession, chutaient respectivement de 5,28% et 7,29% vers 12H15 en réaction.

Dans une moindre ampleur, le secteur du luxe accusait le coup aussi: LVMH affichait un repli de 2,24%, Hermès de 2,59% et Kering de 1,14% sur la place boursière parisienne, face aux craintes que les exportations soient touchées par d'éventuelles mesures de protectionnisme économique du RN.


Autres victimes collatérales, les banques françaises: -7,61% pour la Société Générale, -5,09% pour BNP Paribas, -4,51% pour Crédit Agricole.


David Benamou, directeur des investissements de la société de gestion Axiom, évalue auprès de l'AFP ces baisses comme une
"sur-réaction"
des actions des banques
"quand il y a un événement un petit peu inquiétant". 

Des taux d'emprunt qui remontent peuvent induire un
"risque économique"
pour les banques, ajoute Alexandre Baradez: les entreprises pourraient avoir du mal à rembourser.

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