Les partisans de l'ex-Premier ministre Imran Khan, actuellement emprisonné, sont en bonne voie samedi pour obtenir une majorité de sièges après les législatives au Pakistan, mais ils pourraient être écartés des négociations pour la formation d'une coalition gouvernementale.
Bien que confronté à une féroce répression des autorités, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI) d'Imran Khan a surpassé les attentes. Les candidats indépendants qu'il soutenait obtiennent au moins 99 sièges (dont 88 loyaux envers M. Khan), selon un décompte en date de samedi matin.
Une vidéo générée par l'intelligence artificielle (IA) a été diffusée samedi matin par le parti de l'ex-Premier ministre dans laquelle il est représenté en train de revendiquer la victoire.
Quinze des 266 sièges en jeu lors de ces élections doivent encore être attribués.
Rentré au Pakistan en octobre après quatre années d'exil à Londres, il aurait le soutien de l'armée, selon les observateurs.
Les partis de moindre envergure ont remporté 27 sièges au total - notamment 17 pour le mouvement Muttahida Qaumi (MQM) -, et pourraient susciter les convoitises du PTI ces prochains jours.
Si des indépendants les rejoignent, ils pourraient alors s'attribuer une part des 70 sièges réservés aux femmes et aux minorités religieuses, alloués proportionnellement en fonction des résultats précédents, auxquels le PTI ne peut prétendre faute d'autorisation à concourir sous ses couleurs.
Deux partisans du PTI tués
Les candidats pro-PTI ont surtout remporté des sièges dans la province du Khyber Pakhtunkhwa (nord-ouest), son fief, où deux de ses partisans ont été tués et 24 blessés dans des émeutes vendredi soir, dans les premières violences post-électorales rapportées.
Fondés sur des dynasties familiales et traditionnellement rivaux, la PML-N et le PPP se sont partagé le plus clair du pouvoir avec l'armée, depuis des décennies.
Ils ont déjà travaillé ensemble et pourraient renouveler l'expérience. Ils avaient formé un gouvernement de coalition, sous la direction de Shehbaz Sharif, le frère de Nawaz, après l'éviction d'Imran Khan du poste de Premier ministre par une motion de censure en avril 2022.
Son chef de 35 ans, fils de l'ancienne Première ministre Benazir Bhutto, assassinée en 2007, s'est montré critique à l'égard de la PML-N. Mais la politique pakistanaise est coutumière des revirements et arrangements a priori contre nature.
"Recompter les votes"
Pour les électeurs d'Imran Khan, la conclusion risque d'être douce-amère. Beaucoup ont la conviction que la victoire leur a été volée, les retards dans le dépouillement n'ayant fait qu'ajouter aux multiples soupçons de manipulation.
Des manifestations ont aussi eu lieu vendredi soir à Peshawar, capitale du Khyber Pakhtunkhwa, et à Quetta au Baloutchistan.
La posture anti-establishment d'Imran Khan, ancienne star du cricket, continue de nourrir sa popularité, malgré un passage au pouvoir marqué par une détérioration économique.
Il a défié de front l'armée, qui a dirigé le pays pendant des décennies et était pourtant présumée l'avoir soutenu lors de son élection en 2018. Il l'a accusée d'avoir orchestré sa chute en 2022 et lui a attribué ses ennuis judiciaires.